Les personnes allergiques au lait devraient se méfier des produits affichant les termes «végan» ou «à base de plantes» sur leur emballage, suggère une étude menée par une équipe de recherche de l'Université Laval et d'Allergies alimentaires Canada. Près de 6% de ces produits contiendraient des protéines laitières, démontrent les auteurs de l'étude dans un article publié par la revue Allergy, Asthma and Clinical Immunology.
Les chercheurs ont fait cette démonstration en étudiant 124 produits qui portaient une allégation «végan» ou «à base de plantes» et qui étaient vendus dans trois supermarchés du Québec entre mars et décembre 2022. «Des tests effectués sur 87 de ces produits ont révélé la présence de protéines laitières dans 5 d'entre eux», rapporte le responsable de l'étude, Samuel Godefroy, professeur au Département des sciences des aliments et chercheur à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval.
Quatre des cinq produits qui contenaient des protéines laitières étaient du chocolat noir. «Il s'agit probablement d'une contamination croisée qui survient parce que les mêmes lignes de production servent aussi à fabriquer du chocolat au lait, avance le chercheur. Les concentrations en protéines laitières que nous avons mesurées étaient tout de même suffisamment élevées pour provoquer une réaction chez une partie des personnes allergiques au lait.»
Les appellations «végan» et «à base de plante» sèment la confusion dans l'esprit des consommateurs, a montré un autre volet de l'étude. «Nous avons mené une enquête auprès de 211 personnes allergiques au lait et de 211 personnes allergiques aux œufs et nous avons constaté que 86% d'entre elles achèteraient un produit portant la mention «végan» parce qu'elles l'interprètent comme une indication que ce produit ne contient pas de protéines animales et qu'il est donc sécuritaire», souligne le professeur Godefroy.
Au Canada, il n'existe pas, pour le moment, de définition réglementaire encadrant l'usage des termes «végan» ou «à base de plantes». «Les entreprises utilisent ces allégations pour cibler les consommateurs qui, en raison de leurs valeurs personnelles, préfèrent les produits alimentaires ne contenant pas de protéines animales. Ces allégations servent à gérer les préférences alimentaires et non les risques alimentaires des consommateurs», insiste Samuel Godefroy.
Les chercheurs ont constaté que 18% des 124 produits examinés portaient un avertissement «peut contenir du lait» sur leur emballage. «Ce pourcentage est trois fois plus élevé que le pourcentage réel de produits avec protéines laitières. Cela illustre bien le problème avec les mises en garde relatives aux allergènes alimentaires, constate le professeur Godefroy. Les industries les surutilisent au point où les consommateurs ne peuvent plus s'y fier».
En attendant un resserrement des règlements entourant l'usage de termes «végan» et «à base de plantes», le chercheur suggère aux personnes allergiques au lait de lire attentivement les informations présentées sur les emballages. «Même si les mises en garde relatives aux allergènes alimentaires sont surutilisées, les personnes allergiques au lait devraient interpréter la présence d'un “peut contenir du lait” sur l'emballage comme une indication que ce produit pose un risque à leur santé.»
Les autres signataires de l'étude sont Silvia Dominguez, Jérémie Théolier et Kamila Lizée, de l'Université Laval, et Beatrice Povolo et Jennifer Gerdts, d'Allergies alimentaires Canada.