Envie d'un cheeseburger ou de sushis livrés à votre porte? Au moment de passer votre commande en ligne, vous aimeriez peut-être connaître le contenu calorique des aliments et des boissons afin de faire un choix éclairé. Mais voilà que l'accès à ces données diffère d'une province à l'autre au Canada, a constaté une équipe de recherche de l'Université Laval dans un article paru dans le Canadian Journal of Public Health.
L'étude montre qu'en Ontario, où l'affichage des calories est obligatoire dans les menus des chaînes de restaurants, il est plus facile d'obtenir l'information nutritionnelle des produits en ligne. C'est le cas pour 69% des mets et breuvages offerts sur les principales applications mobiles de services de livraison de repas, soit DoorDash, Skip TheDishes et Uber Eats. Cette proportion baisse à environ 40% des produits en Alberta et au Québec.
«Le résultat est comparable pour ces deux provinces qui n'obligent pas l'affichage calorique dans les menus. Si elles se dotaient d'une politique d'étiquetage, elles amélioreraient l'accès à l'information pour les consommateurs. Nos recherches prouvent que ça aide. En Ontario, où c'est obligatoire, c'est mieux, mais il reste du travail à faire alors qu'il y a encore un manque de données pour près du tiers des produits en ligne», indique l'autrice principale de l'étude, Lana Vanderlee, professeure à l'École de nutrition et chercheuse à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et au Centre NUTRISS.
Elle mentionne que des inspecteurs de santé publique assurent un contrôle sur l'affichage des calories dans les restaurants ontariens, mais qu'il ne semble pas y avoir de programme de suivi sur le Web, où la ligne est plus floue. «Il faut trouver une façon de renforcer la surveillance en ligne», croit-elle.
Des produits de 13 grandes chaînes analysés
Dans le cadre de cette étude, un échantillon de 48 857 aliments et boissons a été analysé par la professeure Vanderlee et son équipe, composée de la professionnelle de recherche Caroline Vaillancourt et des étudiantes à la maîtrise en nutrition Alexa Gaucher-Holm et Maggie Lê-Brassard. Ces produits provenaient de 13 grandes chaînes de restauration rapide (Tim Hortons, Subway, McDonald, A&W, Dairy Queen, KFC, Pizza Hut, Boston Pizza, Thaï Express, Burger King, Harvey's, Second Cup et Sushi Shop) ayant des établissements en Ontario, en Alberta et au Québec, et présentes sur DoorDash, Skip TheDishes et Uber Eats.
Les chercheuses ont relevé un écart entre les trois provinces en examinant les chaînes de restaurants qui n'affichent aucune information calorique sur les applications mobiles de livraison de repas. «Au Québec, c'est 46% des chaînes qui ne diffusent aucune donnée, en Alberta, c'est 31% et en Ontario, on parle de 15%», indique la professeure Vanderlee, qui ne s'explique pas la différence entre le Québec et l'Alberta.
«La responsabilité de mettre l'information en ligne revient à chaque franchisé et non à la chaîne dans la plupart des cas. Il semble que ce soit moins dans les habitudes des propriétaires de restaurants québécois d'afficher les calories pour aider les consommateurs dans leurs choix alimentaires», émet-elle comme hypothèse.
Elle et son équipe ont aussi remarqué que DoorDash diffusait moins de contenu nutritionnel sur son application mobile que Skip TheDishes et Uber Eats.
«Quand je vois toutes ces différences dans les résultats, je me dis qu'il y a un rôle à jouer de la part du gouvernement, un rôle à jouer de la part des agrégateurs de services de livraison de nourriture en ligne et un rôle à jouer de la part des chaînes de restauration pour faciliter les démarches d'affichage et rendre l'information plus accessible en ligne», analyse la professeure Vanderlee.
Certaines compagnies le font déjà, dit-elle en citant McDonald, qui affiche les calories de ses produits sur les sites de tous les restaurants de la chaîne.
Cette étude met en lumière l'engouement pour les commandes de nourriture en ligne. Les dépenses consacrées aux applications de livraison de repas ont presque quadruplé depuis 2016 et représentaient 12,4% de tous les services alimentaires aux consommateurs au Canada en 2022, peut-on lire dans l'article.