Les personnes qui n'ont jamais été infectées par le SARS-CoV-2 doivent avoir reçu au moins trois doses du vaccin contre la COVID-19 pour que leurs anticorps atteignent une qualité optimale, comparable à celle que procure une infection suivie d'une vaccination. C'est la démonstration que fait une équipe internationale de recherche, dirigée par le professeur Jérôme Estaquier, de l'Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, dans un article scientifique publié récemment par Science Advances.
Les chercheurs arrivent à cette conclusion après avoir comparé les anticorps présents dans le plasma d'une cinquantaine de personnes. Les analyses ont surtout porté sur une catégorie d'anticorps appelée IgG. «Ces anticorps ont une demi-vie relativement longue. C'est eux qu'on s'attend à retrouver dans le plasma des personnes plusieurs semaines après une infection ou une vaccination. Ils participent à la prévention contre de nouvelles infections», précise le professeur Estaquier.
Ce sont les commentaires de chercheurs qui avançaient que la vaccination conférait une protection comparable à celle d'une infection naturelle qui ont inspiré cette étude, poursuit-il. «Pour vérifier si cette affirmation était fondée, nous avons étudié les anticorps de personnes qui avaient reçu de une à trois doses du vaccin à ARN et les anticorps de personnes qui avaient été infectées par le virus de la COVID-19 et qui, subséquemment, avaient été ou non vaccinées. Nous avons déterminé comment l'abondance et la qualité de leurs anticorps contre le SARS-CoV-2 évoluaient au fil des mois et comment ces anticorps se comportaient vis-à-vis des variants, en particulier les souches Omicron.»
Résultats? La meilleure réponse immunitaire est observée chez les personnes qui ont eu une infection à la COVID-19 et qui ont été vaccinées par la suite, constate le professeur Estaquier. Chez les personnes qui n'ont pas été infectées, il faut au moins trois doses du vaccin à ARN pour obtenir une réponse équivalente du côté des anticorps et une couverture comparable vis-à-vis des variants. «L'infection préalable à la vaccination confère tout de même un avantage sur le plan de la qualité des anticorps. L'interaction entre l'anticorps et la protéine S du virus (la protéine du spicule) est plus forte. La reconnaissance des variants est également meilleure.»
Présentement, le Comité consultatif national de l'immunisation recommande à toute personne âgée de cinq ans et plus qui n'a pas encore été vaccinée de recevoir deux doses d'un vaccin à ARN. «Nos résultats suggèrent qu'une troisième dose apporte des bénéfices. Elle maintient plus longtemps la qualité des anticorps», souligne le professeur Estaquier.
Peu importe si une personne a développé des anticorps contre le SARS-CoV-2 à la suite d'une infection ou d'une vaccination, et peu importe le nombre de doses du vaccin à ARN reçues, la qualité des anticorps diminue après six mois, constate le chercheur.
«C'est le défaut des vaccins à ARN actuels contre la COVID-19, poursuit-il. La réponse immunitaire qu'ils génèrent est de courte durée. Cela soulève des questions sur la stratégie de lutte à long terme contre cette infection virale. Dans le contexte où une bonne partie de la population a été exposée au virus de la COVID-19, il faudrait peut-être envisager l'idée de mesurer la quantité et la qualité des anticorps d'une personne avant de la vacciner, comme on le fait pour l'hépatite B.»
L'étude parue dans Science Advances est signée par 27 chercheurs du Canada, de France, du Japon et du Portugal. Une autre membre du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, Ouafa Zghidi-Abouzid, compte parmi les signataires.