
Todd Picard
— Guillaume D. Cyr
Todd Picard est un musicien complet et touche-à-tout. Il a exploré l'univers sonore de la guerre, lors de sa maîtrise sur mesure en musique et en arts visuels, obtenue récemment à l'Université Laval. Ex-membre du défunt groupe Les Batinses, il compose aujourd'hui ce qu'il appelle des «BD chansons». S'il travaille au Festival d'été de Québec (FEQ) depuis 15 ans, notamment comme régisseur de scène, il s'occupe pour la première fois cette année de la coordination générale des instruments. «C'est stressant, mais en même temps, je capote! Je trouve ça le fun!»
Lui-même a foulé toutes les scènes du FEQ en compagnie des Batinses. Un bagage qui lui sert aujourd'hui, en plus de sa maîtrise de plusieurs instruments. Guitariste de formation, il joue aussi de la basse, de la mandoline, du banjo ténor et certaines formes de percussions ethniques.
«On a une sensibilité, tous les gens du back line sont nécessairement des musiciens. Ils savent tous comment accorder les guitares, les basses, comment les entretenir, comment faire les ajustements nécessaires aux instruments désajustés avec la route. Il faut aussi mettre les systèmes à jour pour que le dialogue se fasse avec les instruments électroniques et les claviers», dit-il.
Son travail au FEQ consiste parfois à résoudre les pépins. «Il arrive des problèmes, des choses qui ne correspondent pas dans les listes de matériel et là, c'est la panique.» Sa philosophie? Inutile de s'affoler ou de trouver des coupables. «Tout le monde fait des erreurs, on trouve des solutions de remplacement et une demi-heure plus tard, un camion arrive avec des instruments les plus proches possibles, si ce ne sont pas les mêmes. On est là pour s'aider, tout le monde veut avoir un bon show! Le public, le Festival, les musiciens, les techniciens.»
Todd Picard parle d'ailleurs d'une belle collaboration dans la communauté musicale à Québec, quand vient le temps de dénicher l'objet manquant. Cette année, une requête surprise est venue du groupe ontarien Talk. «Ils ont fait une demande à la toute dernière minute pour avoir des gros amplificateurs de métal. Ce n'était que du décor, mais un clin d'œil intéressant et on a joué le jeu.»

Todd Picard, en arrière-scène du FEQ
Tenté par un doctorat
Pour la suite des choses, il poursuit son exploration musicale, fera une résidence de création cet automne, jouera avec La Fronde, un groupe de hardcore punk en français.
Et maintenant qu'il a obtenu sa maîtrise l'an dernier, il se dit «peut-être tenté par un doctorat», à 56 ans. «J'aime la relation entre le bruit et les lieux de pouvoir, dit celui qui a fait de la recherche-création sur la chanson en temps de guerre. «Chaque bruit est une manifestation du pouvoir quelque part, en tant qu'individu, que groupe, qu'événement», dit-il en pensant au son des armes, à quelqu'un qui monte le ton, aussi bien qu'à un conducteur de voiture qui baisse sa vitre et met sa musique dans le tapis.
«C'est une forme de prise de pouvoir sur le paysage sonore de tout un chacun. Il y a des ethnomusicologues qui disaient que les oreilles n'ont pas de paupières», poursuit Todd Picard qui est également ethnologue de formation, une corde de plus à... sa guitare.