L'activité physique d'intensité élevée pose-t-elle des risques pour les femmes enceintes ou pour leur fœtus? Pas forcément, suggère une étude exploratoire publiée dans la revue scientifique Sports Medicine par une équipe formée de chercheurs de l'Université de l'Alberta, de l'Université Wilfrid Laurier et de l'Université Laval.
Cette équipe, dont font partie la doctorante Lawrence Labrecque et le professeur Patrice Brassard du Département de kinésiologie de l'Université Laval et du Centre de recherche de l'Institut universitaire en cardiologie et en pneumologie de Québec-Université Laval, a soumis 15 femmes enceintes à deux types d'entraînement: une séance d'entraînement continu à intensité modérée et une séance d'entraînement par intervalles à intensité élevée. Ces femmes étaient, en moyenne, à leur 27e semaine de grossesse.
«Présentement, les autorités médicales recommandent aux femmes enceintes de pratiquer des activités physiques d'intensité modérée et d'éviter les activités de haute intensité. Il s'agit d'une recommandation qui repose sur peu de données parce que le sujet a été très peu étudié jusqu'à maintenant. C'est ce qui nous a donné l'idée de mieux documenter les effets de l'entraînement par intervalles de haute intensité sur la femme enceinte et sur son fœtus», précise Patrice Brassard.
Les 15 femmes qui ont participé à l'étude ont d'abord été soumises à une séance sur vélo stationnaire visant à mesurer leur capacité physique maximale. Quelques jours plus tard, elles ont pris part à un entraînement de 30 minutes d'intensité modérée, se situant entre 64% et 76% de leur fréquence cardiaque maximale, ou à une séance par intervalles comportant 10 répétitions de 1 minute à intensité élevée (plus de 90% de la fréquence cardiaque maximale) séparées par 1 minute de récupération active. Après une période de repos d'au moins 48 heures, elles ont été soumises à l'entraînement qu'elles n'avaient pas fait lors de la séance précédente.
Les chercheurs ont recueilli des données – notamment le rythme cardiaque, la pression sanguine, les échanges gazeux, le taux de glucose et de lactate, le niveau d'effort perçu ainsi que la vitesse du sang dans le cerveau et dans le cordon ombilical – chez les femmes enceintes pendant les séances et tout de suite après. Ils ont aussi mesuré le rythme cardiaque du fœtus à la fin des séances.
Résultats? Comme prévu, le rythme cardiaque des participantes a augmenté davantage lors de l'entraînement à intensité élevée. Par contre, les deux formes d'entraînement ont produit des effets comparables sur les autres paramètres physiologiques mesurés par les chercheurs, tant chez les participantes que chez leur fœtus. «Le corps s'adapte bien aux changements hémodynamiques induits par la grossesse de sorte que les deux types d'entraînement sont bien tolérés», résume le professeur Brassard.
Ces conclusions ne sont pas généralisables à toutes les femmes ni à toutes les formes d'entraînements à haute intensité, prévient toutefois le chercheur. «La plupart des femmes qui ont participé à l'étude étaient déjà actives physiquement et nous n'avons testé qu'un type d'entraînement par intervalles en une seule occasion. C'est en quelque sorte une preuve de concept qui montre que, sous certaines conditions, les entraînements par intervalle de haute intensité ne sont pas forcément néfastes pendant la grossesse. Il faudra d'autres travaux pour préciser les modalités d'entraînement qui sont sécuritaires pour les athlètes d'élite et pour les sportives qui souhaitent continuer de faire des séances à intensité élevée pendant leur grossesse.»