
— Ringuette Canada
La ringuette est considérée par certains comme une version feutrée du hockey féminin. À tort, suggère une étude qu'une équipe de recherche vient de publier dans le Clinical Journal of Sport Medicine. L'étude comparative menée par ces chercheurs montre que la fréquence des mises en échec, des contacts à la tête et des blessures potentielles est nettement plus élevée à la ringuette qu'au hockey.
Les chercheurs de l'Université de Calgary, de l'Université du Manitoba et de l'Université Laval arrivent à ces constats après avoir analysé les vidéos de 18 parties de ringuette et de 18 parties de hockey féminin. Ces rencontres avaient été disputées par des équipes universitaires lors de tournois ou de séries éliminatoires qui ont eu lieu entre 2018 et 2020.
Même si les mises en échec sont interdites dans les deux sports, elles sont tout de même fréquentes, ont constaté les chercheurs. Le nombre de mises en échec par 100 minutes de jeu par équipe se chiffrait à 15,0 à la ringuette et à 7,6 au hockey. Fait à signaler, ces mises en échec ont été punies dans seulement 22% des cas à la ringuette et 15% des cas au hockey.
Par ailleurs, les chercheurs ont dénombré 18 contacts (directs ou indirects) à la tête par 100 minutes de jeu à la ringuette, soit 68% de plus qu'au hockey. Pour ce qui est des coups à la tête résultant d'un contact direct initié par une adversaire, ils étaient 40% plus fréquents à la ringuette qu'au hockey.
Les situations où il y avait apparence de blessures – une joueuse en douleur reste étendue sur la glace pendant plus de 15 secondes ou l'arbitre appelle un arrêt de jeu en raison d'une blessure – étaient trois fois plus fréquentes à la ringuette.
«À notre connaissance, il s'agit de la première étude comparative qui porte sur ces questions, souligne l'un des membres de l'équipe de recherche, Claude Goulet, du Département d'éducation physique de l'Université Laval. Nous ne savons pas encore ce qui explique les différences observées entre les deux sports, mais nous croyons que la vitesse pourrait être en cause.»
— Claude Goulet
L'étudiante-chercheuse et première auteure de l'étude parue dans le Clinical Journal of Sport Medicine, Emily Heming, va consacrer une partie de ses travaux de doctorat à la question. Elle va mesurer, entre autres, les vitesses de déplacement des joueuses et la vitesse de rotation de leur tête à l'aide de senseurs qui seront intégrés à leur protecteur buccal. Son étude s'inscrit dans le cadre du projet pancanadien sur les commotions cérébrales SHRed Concussions, dirigé par Carolyn Emery, de l'Université de Calgary.
Il n'est toutefois pas nécessaire d'attendre les conclusions de ces travaux pour adopter des mesures visant à réduire les risques associés à la pratique de la ringuette ou du hockey féminin. «La quasi-totalité des contacts qui surviennent dans ces deux sports sont intentionnels, mais rarement pénalisés, constate le professeur Goulet. Il y aurait lieu de mettre en place des stratégies de prévention qui reposeraient sur une application plus rigoureuse des règles interdisant les mises en échec. Cela va au-delà du travail des arbitres. Pour que ces stratégies soient efficaces, il faudrait qu'elles soient appuyées par les entraîneurs, les dirigeants de ligue, les parents et les joueuses elles-mêmes.»