Le temps passé devant les écrans est une variable dont il faut maintenant tenir compte dans les interventions visant la promotion de saines habitudes de vie chez les adolescentes. En effet, chez les filles de 12 à 17 ans, le temps d'écran est associé à une insatisfaction par rapport à l'image corporelle, révèle une étude publiée dans BMC Public Health par des chercheuses québécoises.
«Cette insatisfaction peut avoir une influence néfaste sur l'alimentation ou sur la pratique saine d'activité physique chez les adolescentes», signale la responsable de l'étude, Vicky Drapeau, du Département d'éducation physique, du Centre NUTRISS et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval.
La professeure Drapeau et ses collaboratrices se sont penchées sur les comportements liés à la santé chez 545 adolescentes inscrites à Fillactive. Ce programme parascolaire multisports non compétitif destiné aux filles de 12 à 17 ans a été mis sur pied en 2007 pour contrer le désengagement de la pratique de l'activité physique observé chez les adolescentes.
Les participantes ont répondu à une série de questions qui ont permis de déterminer, entre autres, leur indice de masse corporelle. Elles devaient aussi sélectionner, parmi une série de 7 silhouettes allant de maigre à potelée, celle qui correspondait le mieux à leur physique et celle qu'elle souhaiterait avoir. Ces réponses ont permis de calculer le degré d'insatisfaction par rapport à leur image corporelle. Les analyses ont montré que:
- 77% des répondantes avaient un poids normal, 16% avaient un surpoids et 7% affichaient de l'obésité;
- 66% des répondantes étaient insatisfaites de leur image corporelle;
- même si l'excès de poids ne touchait que 23% des répondantes, 55% souhaitaient perdre du poids;
- 45% des répondantes de poids normal voulaient perdre du poids;
- plus les répondantes passaient d'heures devant des écrans, plus elles étaient insatisfaites de leur image corporelle.
«Les médias sociaux utilisés par les adolescentes, entre autres Tik Tok et Snapchat, mettent de l'avant du contenu en lien avec l'apparence physique, souvent des photos léchées et retouchées qui créent des idéaux corporels irréalistes. Les adolescentes qui passent beaucoup de temps devant des écrans peuvent avoir tendance à se comparer, à se juger et à être insatisfaites de leur image corporelle», analyse la professeure Drapeau.
Les programmes de promotion de saines habitudes de vie qui s'adressent aux adolescentes devraient tenir compte de cette nouvelle réalité, poursuit la chercheuse. «Ces programmes devraient sensibiliser les jeunes filles aux effets négatifs des réseaux sociaux sur la perception de leur image corporelle et les préparer à être plus critiques par rapport aux images. Idéalement, il faudrait qu'elles suivent ces programmes avant de devenir des utilisatrices régulières de ces réseaux sociaux.»
Les signataires de l'étude parue dans BMC Public Health sont Manon Bordeleau, Natalie Alméras, Joël Gagnon et Vicky Drapeau, de l'Université Laval, et Jo-Anne Gilbert et Marie-Ève Mathieu, de l'Université de Montréal, et Johana Monthuy-Blanc, de l'UQTR.