L’Université Laval fait aujourd’hui, le 17 février, le lancement officiel de la Chaire de recherche en médecine hyperbare et de plongée sous-marine. En médecine hyperbare, les patients s’oxygènent dans une chambre étanche pressurisée. Une concentration élevée d’oxygène est envoyée rapidement et en profondeur dans les parties du corps affectées. Les effets de la médecine hyperbare sont de stimuler la protection et la réparation des tissus.
Cette chaire de recherche est rattachée à la Faculté de médecine de l’Université Laval. Elle a pour partenaires le Service de médecine hyperbare du Centre intégré de santé et de services sociaux de Chaudière-Appalaches et la Fondation de l'Hôtel-Dieu de Lévis. Son titulaire est le professeur au Département de kinésiologie de l’Université Laval Neal Pollock.
«La Chaire, dit-il, permettra d’augmenter et optimiser les données scientifiques soutenant l’utilisation thérapeutique de l’oxygénothérapie hyperbare. Elle permettra aussi d’élargir son application aux conditions médicales pertinentes. Enfin, la Chaire fera la promotion de mesures protégeant la santé et la sécurité des adeptes de plongée sous-marine.»
Les objectifs de la Chaire consisteront à augmenter l’expertise clinique et le niveau de preuve pour l’utilisation de l’oxygénothérapie hyperbare, à accroître la compréhension de tous les dangers associés, et à évaluer les applications nouvelles, émergentes ou prometteuses pour cette approche médicale.
La plus grande installation hyperbare civile au Canada
Le professeur Pollock est rattaché au Centre de médecine de plongée du Québec de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Ses intérêts de recherche touchent à la santé et la sécurité humaines dans des environnements extrêmes. En 2016, il a été engagé par le Département de kinésiologie.
«En 1999, explique-t-il, l’Hôtel-Dieu de Lévis s’est doté d’un premier équipement hyperbare, une chambre pouvant accueillir un maximum de deux patients à la fois. En 2013, une chambre hyperbare multiplace, comprenant trois sas indépendants d’une longueur totale de 13 mètres et pouvant accueillir jusqu’à 12 patients, a été ajoutée. Il s’agit de la plus grande installation hyperbare civile au Canada. Elle est spacieuse et confortable. Les patients s’assoient habituellement dans des fauteuils et ils relaxent. Si nécessaire, ils s’étendent sur une civière. Un traitement typique en médecine hyperbare dure environ deux heures, mais cela peut dépasser six heures pour certaines victimes d’accident de plongée.»
La science médicale indique 14 états pathologiques pouvant être traités efficacement par la médecine hyperbare. Il y a notamment les plaies non cicatrisantes, l’anémie sévère, l’abcès intracrânien, les brûlures thermiques aiguës et la perte auditive neurosensorielle idiopathique soudaine. En médecine de plongée sous-marine, on parle plus spécifiquement d’embolie gazeuse et du mal de décompression.
«L’unité fournit actuellement plus de 3000 traitements aux patients par an, souligne Neal Pollock, principalement pour les complications postradiation tardives dans les cas de cancer, les autres plaies non cicatrisantes, l’ostéomyélite et l’intoxication au monoxyde de carbone. À l’Hôtel-Dieu, le personnel clinique est très efficace à résoudre ces problèmes.»
La surspécialité en médecine hyperbare fait de l’Hôtel-Dieu de Lévis une référence au Canada dans le domaine. Plusieurs médecins, chercheurs, entreprises et institutions se réfèrent à cet endroit pour la médecine hyperbare, ainsi que les adeptes de la plongée sous-marine.
Le plongeur et l’astronaute
Sur les six objectifs que se fixe le titulaire de la Chaire, trois concernent la plongée sous-marine. Ils consistent entre autres à améliorer la compréhension de la physiologie de la plongée sous-marine et des risques associés à cette activité. «Les plongeurs respirent une variété de gaz pendant la plongée, couvrant une large gamme de profondeurs, indique le professeur Pollock. Il existe de nombreux risques en plongée et certains des problèmes dépendent de l’oxygénothérapie hyperbare pour le traitement. Nous pouvons traiter les plongeurs, mais notre objectif ultime est de trouver de meilleures façons de réduire les risques et d’améliorer la sécurité.»
Un des objectifs de la Chaire consistera à appliquer les connaissances de la médecine de la plongée, de la physiologie et de la sécurité opérationnelle pour évaluer et réduire les risques dans des environnements spéciaux connexes, notamment l’altitude, l’espace et d’autres situations de stress élevé.
«Dans l’espace, les astronautes peuvent faire face à des facteurs de stress similaires à ceux des plongeurs, explique-t-il. La station spatiale actuelle, par exemple, est maintenue à la pression au niveau de la mer. Les astronautes qui y séjournent et qui effectuent des sorties dans l’espace subissent un stress de décompression important lors de la transition de la station vers l’extérieur, au niveau de la basse pression de la combinaison spatiale. Bien qu’il s’agisse d’un risque connu, la basse pression est nécessaire pour permettre aux astronautes de travailler dans les combinaisons. Les solutions sont différentes pour les plongeurs et les astronautes, mais l’impact d’un changement de pression majeur est un facteur important que la plongée et l’exploration spatiale ont en commun.»