«À la suite des inondations de 2017 et de 2019, a déclaré la ministre, nous n'en sommes plus à nous demander quand surviendront les prochains sinistres, mais bien comment nous pouvons les prévenir. Pour l'ensemble des Québécois, nous devons être proactifs et nous doter de moyens pour appuyer nos actions et nos interventions. C'est ce que nous faisons, en assumant pleinement nos responsabilités en prévention des risques.»
Pour sa part, la rectrice Sophie D'Amours a affirmé que les projets de recherche qui seront menés à l'Université Laval permettront d'offrir une formation de haut niveau afin d'assurer une relève innovante dans le domaine du génie civil, du génie des eaux et de la géomatique. «Nous pourrons ainsi recruter les meilleurs candidats, embaucher des professeurs chevronnés, offrir plus de stages à nos étudiants et étudiantes, et les former pour qu'ils soient aptes à proposer des solutions aux défis des inondations et à répondre aux besoins croissants dans le domaine», a-t-elle ajouté.
Le 28 avril à 19h, le ministère de la Sécurité publique publiait son bilan provisoire des inondations printanières. Le Québec comptait alors 6 424 résidences inondées et 9 522 personnes évacuées. Ces chiffres impressionnants disent l'importance qu'a prise ce phénomène naturel, accentué par le dérèglement du climat, depuis quelques années.
«Habiter sur le bord d’une rivière ou du fleuve Saint-Laurent est un privilège, explique le professeur Brian Morse, du Département de génie civil et de génie des eaux. Malheureusement, cela comporte certains risques dont les impacts étaient bien sous-estimés.»
Ce spécialiste du comportement des rivières québécoises sera responsable de trois des quatre projets de recherche réalisés dans le cadre du partenariat avec le Ministère. «Cette collaboration d’envergure, poursuit-il, vise à répondre aux sinistrés, notamment en formant de jeunes ingénieurs et professionnels prêts à travailler dans le domaine de la gestion des risques liés aux inondations, avec ou sans glace.» Selon lui, l’initiative permettra de mieux cibler les risques, de mieux les comprendre et ainsi de mieux outiller les municipalités vulnérables afin d’améliorer la sécurité de la population et prévenir les dommages liés aux inondations.
Plusieurs professeurs et étudiants participeront aux projets de recherche. Ils proviendront de deux départements, celui de génie civil et de génie des eaux et celui des sciences géomatiques. En génie des eaux, les professeurs Daniel Nadeau et François Anctil appuieront le professeur Morse dans les projets FLUTEIS et ORACLE-1. En géomatique, le professeur Thierry Badard aura quant à lui la pleine responsabilité du projet ORACLE-2.
Le projet FLUTEIS vise à mieux comprendre le comportement des rivières en hiver, notamment en analysant la dynamique des glaces et en mesurant les risques liés aux inondations. Le projet permettra de concevoir des systèmes d’alerte précoce pour la prévention des inondations par des embâcles. On évaluera l’efficacité des différents moyens d’affaiblissement du couvert de glace en préparation pour la débâcle. Le professeur Nadeau, pour sa part, mettra au point un outil de prévision de la débâcle lorsqu’il y a de la pluie sur la neige.
Dans le cadre du projet CPS-MUNI, le professeur Morse et son équipe de recherche ont déjà visité certaines municipalités éprouvées par les inondations, comme Beauceville, Terrebonne et Saint-Joseph-du-Lac. Ils ont recueilli les commentaires et besoins des dirigeants. L’analyse des problématiques particulières à chaque secteur permettra de recommander différentes mesures durables pour réduire les risques de dommages.
Quant au projet ORACLE-1, dirigé par le professeur Anctil, il vise le développement de méthodes, d’outils et de bases de données pour soutenir la démarche de production d’un portrait du risque lié aux inondations. Le projet permettra d’anticiper ces dernières et de communiquer l’information en vue d’améliorer les interventions.
«Nous apportons une expertise complémentaire à l’équipe de génie des eaux, souligne, pour sa part, le professeur Badard, directeur du Centre de recherche en géomatique. Notre projet ORACLE-2 repose sur l’utilisation des plus récentes technologies d’acquisition de données géospatiales, comme le LiDAR terrestre et aéroporté, et sur les méthodes les plus avancées de traitement et d’analyse de données localisées, telles que la géovisualisation avancée et immersive.»
Le but principal de ce projet consiste non seulement à fournir une connaissance exhaustive sur les bâtiments en zones inondables, mais également à aider à délimiter ces dernières de façon plus rapide et précise afin de mieux soutenir la prise de décision dans tous les aspects de la gestion du risque.
Les quatre projets bénéficieront d’un soutien solide et d’un engagement technique et scientifique effectif de la part du ministère de la Sécurité publique.
Selon Brian Morse, le partenariat annoncé le 11 juin permettra au Ministère, et ce pour la première fois au Québec, de construire un cadre durable pour la réduction des risques liés aux inondations.
«Ce partenariat est très mobilisateur pour l’Université Laval, soutient-il, puisqu’il nous invite à réfléchir collectivement et à contribuer au plan directeur du gouvernement en matière de prévention et de sécurité civile. Nous travaillons main dans la main avec la population, les municipalités et les experts. Tous ensemble, on peut arriver à trouver des mesures innovantes et durables pour notre société.»
Étaient présents au moment de l'annonce (de gauche à droite): Robert Beauregard, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Brian Morse, professeur du Département de génie civil et de génie des eaux, Michel Angers, maire de Shawinigan et président de la commission de la sécurité publique de l'Union des municipalités du Québec, Geneviève Guilbault, vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Claude Périnet, président de l'Association des directeurs généraux des municipalités du Québec.