
Cette chambre hypoxique, qui vient d'être construite au Département de kinésiologie, permet de recréer l'atmosphère pauvre en oxygène qu'on trouve en altitude. Elle sera utilisée par François Billaut, en arrière-plan, pour ses projets de recherche portant sur les effets physiologiques de l'exposition à l'hypoxie. Des athlètes d'élite de la région de Québec y auront aussi recours pour leur entraînement. Mathieu Lanoue, un membre de l'équipe du professeur Billaut, démontre l'un des usages possibles de cet équipement.
— Marc Robitaille
Les bénéfices de l'altitude sur les performances des athlètes d'endurance sont bien documentés, rappelle le professeur Billaut. En course de fond et de demi-fond, la domination des Kenyans et des Éthiopiens, qui vivent et s'entraînent en altitude, est éloquente. «Lorsqu'une personne se retrouve dans un milieu où l'oxygène est plus rare, il suffit de quelques heures pour que sa production d'EPO naturelle augmente. Cette hormone agit sur la production de globules rouges, les éléments du sang qui transportent l'oxygène dans l'organisme, et, après quelques jours, le taux de globules rouges augmente.»
Tous les athlètes n'ont pas la chance de vivre en haute montagne. Pour compenser, certains ont recours à des tentes ou à des chambres où l'oxygène est raréfié artificiellement, ce qui simule l'effet de l'altitude. «L'efficacité de cette méthode a été démontrée, mais on disait qu'il fallait séjourner de 12 à 14 heures par nuit pendant 14 jours consécutifs pour produire une adaptation. Ces conditions sont difficiles à respecter pour les athlètes qui pratiquent des sports d'équipe et qui doivent fréquemment se déplacer.»
Pour déterminer s'il y avait moyen de faire autrement, les chercheurs ont fait appel à 15 joueurs de football australien. «Il s'agit d'un sport qui exige des accélérations répétitives à haute intensité, un peu comme le hockey ou le rugby», précise le professeur Billaut. Sept de ces athlètes ont été invités à passer cinq nuits consécutives de 12 heures dans un milieu hypoxique équivalant à une altitude de 3000 mètres. Ce bloc de 5 nuits était suivi par deux nuits au niveau de la mer. Ce cycle hebdomadaire a été répété à trois reprises et il a été complété par un dernier bloc de quatre nuits en altitude simulée. Résultats? L'hémoglobine – une mesure indirecte de l'abondance des globules rouges – avait augmenté de 4% après 15 nuits et de 7% après 19 nuits. Les performances au test Yo-Yo – une série de sprints suivis d'une période de récupération – s'étaient améliorées de 10% après 15 nuits et de 14% après 19 nuits. Enfin, les temps en course à pied sur 1 km et 2 km ont diminué de 5% et de 2% respectivement entre le début et la fin de l'expérience. «Même lorsqu'elle est fractionnée, l'exposition à un milieu hypoxique produit des adaptations physiologiques qui se répercutent sur les performances sportives», résume le professeur Billaut.
Le chercheur estime qu'environ 85% des athlètes d'élite qui pratiquent une discipline d'endurance font des séjours d'entraînement en altitude ou ont recours à une tente ou à une chambre hypoxique. «Pour ces athlètes qui ont un plan d'entraînement optimal et des habitudes de vie exemplaires, l'altitude permet d'aller chercher une petite augmentation de la capacité aérobique qui peut faire une grosse différence. Pour monsieur et madame Tout-le-Monde, il faut considérer les coûts et les bénéfices.» En effet, une tente hypoxique et un compresseur valent environ 3500$. De plus, les conditions à respecter pour obtenir une réponse physiologique exigent des sacrifices qui peuvent se répercuter sur la vie personnelle et familiale. Un bon programme d'entraînement, une alimentation bien adaptée et davantage de repos suffisent bien souvent à produire des améliorations substantielles de la performance tout en s'épargnant les inconvénients de l'hypoxie, conclut-il.