Martin Barrette, Louis Bélanger et Jean-Claude Ruel, du Département des sciences du bois et de la forêt, et Louis De Grandpré, du Service canadien des forêts, sont allés voir comment se portait la régénération dans les pessières d'Anticosti. Les inventaires qu'ils ont réalisés dans des forêts qui avaient été coupées six ans plus tôt montrent qu'on y trouve environ 300 jeunes arbres à l'hectare, alors qu'il en faudrait au minimum entre 500 et 1000 pour assurer la régénération de la pessière.
Ce faible renouvellement n'est pas dû au passage de la machinerie forestière. En effet, des relevés effectués dans des pessières matures non coupées ont livré des résultats comparables. «Le niveau de régénération est si faible qu'on peut prédire une déforestation, avance Louis Bélanger. Des forêts-parcs, composées d'épinettes clairsemées entourées d'une strate herbacée, remplacent les pessières après une coupe.»
À quoi attribuer cette transformation? «Nous pensons que le sol des pessières n'est pas propice à la régénération des épinettes, poursuit le chercheur. Le lit de germination préféré des graines de cette espèce est le bois mort. Présentement, il n'y a pas suffisamment d'arbres morts au sol pour assurer un niveau adéquat de régénération.»
Selon Louis Bélanger, deux solutions s'offrent aux aménagistes forestiers pour recréer de véritables forêts d'épinettes sur Anticosti. «Dans l'immédiat, il faudrait replanter de jeunes épinettes. À plus long terme, on pourrait recourir à des coupes partielles de façon à conserver une bonne réserve de semenciers ainsi que des arbres matures qui fourniront de bons microsites de germination lorsqu'ils mourront dans quelques années.»