
Hayley Wickenheiser, capitaine de l'équipe canadienne féminine de hockey, lors des Jeux olympiques de Vancouver de 2010. Les photos montrant ses coéquipières bière à la main et cigare au bec après la conquête de la médaille d'or ont fait le tour du monde.
— VancityAllie
Retour dans le temps. «En 1976, à la suite de sa nomination comme ministre à la Condition physique et au Sport amateur, Iona Campagnolo, première femme à occuper ce poste, devient la risée des journalistes sportifs, raconte Guylaine Demers. Qu’est-ce qu’une femme peut bien connaître en sport?, se demande-t-on. La politicienne raconte qu’un de ses collègues lui aurait même affirmé que sa première tâche serait de débarrasser le sport de toutes les lesbiennes.»
«Dans notre société, on éduque les jeunes en leur disant que le sport est bon pour l’estime de soi», ajoute Guylaine Demers, joueuse dans l'équipe féminine de basketball du Rouge et Or dans les années 1980. «Sauf que le sport est encore associé au développement de la masculinité, déplore-t-elle. Par exemple, un gars qui ne veut pas faire de sport, on trouve ça louche. La même attitude chez une fille est moins dérangeante.»
Dans cette foulée, qui ne se souvient pas des critiques adressées à l’endroit des joueuses de l’équipe nationale féminine de hockey, à la suite de leur victoire contre les Américaines, lors des Jeux olympiques de Vancouver, en 2010? Les photos les montrant en train de boire de la bière et de fumer des cigares sur la patinoire ont fait le tour du monde. «Or, si des gars avaient fait la même chose, il est fort probable que l’on n’en aurait peut-être jamais entendu parler», a soutenu la conférencière.
Les croyances et les préjugés ne touchent pas seulement les athlètes, mais aussi les entraîneurs. On s’attend ainsi à ce que celui qui entraîne une équipe parle haut et fort et ne s’en laisse pas imposer. Ce modèle masculin constitue la norme, à tel point que ceux qui ne s’y conforment pas risquent de décontenancer leurs joueurs. La chose est aussi mal vue chez les entraîneurs de sexe féminin qui n’entrent pas dans le moule. Et Guylaine Demers de citer l’expérience vécue avec Linda Marquis, alors que cette dernière était entraîneuse-chef de l'équipe féminine de basketball du Rouge et Or, en 1985.
«Après deux mois sous sa gouverne, nous avons commencé à remettre en question sa façon de nous entraîner, dit Guylaine Demers. On la trouvait trop douce, pas assez directive. Elle ne criait pas assez après nous! Bref, on ne reconnaissait pas les comportements qu’avaient adoptés nos anciens entraîneurs, tous des hommes, dois-je le préciser…»