
Le chercheur a livré les résultats lors d’une conférence sur l’adaptation en ligne et les réseaux sociaux, le 14 septembre, au pavillon Charles-De Koninck. Cet exposé s’inscrivait dans une série de 10 rencontres portant sur l’adaptation de l’expression française dans les cultures francophones. Ces conférences sont organisées par la Chaire pour le développement de recherche sur la culture d’expression française (CEFAN).
Aux fins de sa recherche, Bruno Courbon a analysé les propos contenus dans trois forums de discussion thématiques s’adressant à des non-spécialistes: «Recettes du Québec», où les internautes s’échangent des recettes, «Doctissimo», où on discute de maladies et de leurs symptômes, et «Comment ça marche», consacré à l’informatique et aux nouvelles technologies.
«Ce qui m’intéresse, c’est la perception anticipée par rapport à l’incompréhension, dit Bruno Courbon. Par exemple, une internaute québécoise explique qu’elle utilise de l’huile de canola dans une recette. «Pour les Français, le canola, c’est du colza canadien», ajoute-t-elle aussitôt, afin de dissiper tout malentendu.
Devant un mot inusité, les internautes demandent des précisons et proposent parfois un équivalent. Ainsi en est-il du mot «chum» sur lequel butent encore bien des Français et encore plus de francophones d’Afrique. «Qu’est-ce que ça veut dire, «chum»?» demande l’un. Cela veut dire «mec» ou «pote», répond l’autre. «Chum, c’est une blonde au masculin, tranche un troisième. On peut dire: Je suis la blonde de mon chum.»
Un autre exemple? Alors qu’on discute d’hyperventilation sur Doctissimo, un Québécois manifeste le souhait que tous soient sur la même longueur d’ondes. «Je crois que les Français appellent cela spasmophilie», précise-t-il.
Et quand une jeune femme originaire d’Afrique demande à un Québécois ce que signifie le mot «magané», elle se fait répondre que cette expression désigne l’état d’une personne ayant beaucoup fêté la veille!
Dans cet esprit, Bruno Courbon estime que ces échanges entre francophones peuvent contribuer à faire connaître la culture des uns et les autres, et par là, à rapprocher les gens. Dans le futur, il compte examiner plus en profondeur quelle place tiennent ces phénomènes dans le développement de la langue.