
L'un des moyens de communication employés par l'UN: un calendrier partisan.
Alain Lavigne signe l’ouvrage Duplessis, pièce manquante d’une légende, sous titré L’invention du marketing politique. Ce livre de 200 pages vient de paraître aux Éditions du Septentrion. Le texte s’appuie sur un grand nombre de photos des moyens de communication de l’Union nationale mis de l’avant entre 1936 et 1956. L’un d’eux est le Catéchisme des électeurs (1936) avec ses questions et réponses en alternance. Un autre est un casse-tête (1956) représentant les membres du gouvernement unioniste en réunion au cabinet. Buste en plâtre, affiche électorale sous forme de bande dessinée, films de propagande, brochures, pochettes d’allumettes avec un slogan publicitaire imprimé à l’intérieur, même un calendrier partisan comptent parmi les grands moyens de communication de l’UN.
Un chef politique mis en marché
Le livre est le premier à s’intéresser à la propagande de l’Union nationale et à la «mise en marché» de son chef fondateur. Dès l’élection de 1936, on recourt à l’information de masse événementielle, on fait appel à l’affichage et on met Duplessis en image. En 1939, on ajoute modestement la stratégie publicitaire. En 1944, la propagande unioniste expérimente le marketing politique, notamment en mettant Duplessis en récit. À l’élection de 1948, une propagande professionnelle et aguerrie recourt notamment à la publicité par l’objet et à un slogan central omniprésent dans les publicités et les communications. En 1952, le budget de campagne est évalué à 5 M$. En 1956, il atteint 9 M$, soit l’équivalent de 75 M$ en dollars d’aujourd’hui.
Les slogans, d’une élection à l’autre, présentent Duplessis comme «le libérateur de sa province», «l’intrépide défenseur de nos droits», «le bienfaiteur des siens» et «un grand homme d’État». Deux noms se profilent derrière l’arsenal de stratégies et de moyens de communication mis en œuvre par l’UN: Joseph-Damase Bégin et Paul Bouchard. «Duplessis avait gagné l’élection de 1936, mais perdu celle de 1939, rappelle Alain Lavigne. En 1939, l’UN n’avait fait élire que 15 députés. Duplessis a compris qu’il devait se présenter d’une manière plus structurée.»
Selon lui, durant la campagne électorale de 1944, la propagande unioniste répond déjà aux caractéristiques du marketing moderne. «L’UN remporte la victoire, mais avec moins de votes que le Parti libéral, indique Alain Lavigne. C’est là qu’on voit qu’une machine de propagande efficace peut faire la différence dans une élection serrée.»