
«Cet orgue ne ressemble à aucun autre dans le monde, explique avec passion Richard Paré, qui enseigne l’orgue et le clavecin à l’Université depuis 2001. Esthétiquement, il est magnifique et vaut le coup d’œil avec ses tuyaux mesurant près de dix mètres. On n’a jamais vu ça! Ensuite, l’instrument compte au-delà de 100 jeux. En comparaison, l’orgue Casavant de l’église Saint-Roch de Québec et celui de l’église des Saints-Martyrs-Canadiens en ont respectivement 85 et 69. Plus il y a de jeux, plus l’organiste peut s’exprimer de différentes façons. Alors, imaginez ce que cela représente pour un artiste de pouvoir jouer sur un orgue de ce calibre.»
Un sentiment de puissance
Constituant le cœur et le symbole du Walt Disney Concert Hall, édifice pour lequel Lillian Disney, veuve de Walt Disney, a versé un premier montant de 50 millions de dollars en 1987, l’orgue est le fruit d’une collaboration de quatre ans entre le facteur Manuel Rosales et l’architecte Frank Gehry, considéré comme un des plus grands architectes vivants. Leur défi: parvenir à concilier les contraintes techniques de l’orgue et l’aspect résolument avant-gardiste que l’architecte voulait donner à l’ensemble. Construit en Allemagne et inauguré à Los Angeles en 2003, l’instrument fait depuis courir les mélomanes du monde entier dans la salle de 2 600 places hébergeant l’Orchestre philarmonique de Los Angeles. Au contact du pédalier (32 notes) et des quatre claviers (61 notes) de cet orgue qu’il qualifie d’«historique», Richard Paré avoue avoir ressenti un sentiment de puissance incroyable. «C’est fort comme un orchestre symphonique cet orgue-là, dit-il. Quand on sort le grand jeu, l’orchestre doit travailler s’il ne veut pas se faire enterrer.»
L’une des particularités de cet instrument tient au fait qu’il est doté de deux consoles: l’une fixe, à traction mécanique, et l’autre mobile, à traction électropneumatique. La traction mécanique offre une plus grande subtilité dans l’ouverture des soupapes, tandis que la traction électropneumatique procure en quelque sorte un rendement plus énergique. Ce double mécanisme impressionne beaucoup Richard Paré, de même que le combinateur qui possède 300 mémoires de 60 combinaisons. Le ventilateur de la soufflerie est actionné par un moteur électrique de 13,3 chevaux. Les tuyaux de façade en métal sont en alliage étain-plomb et l’ensemble du châssis et du corps de l’orgue est à l’épreuve des secousses sismiques, autre première mondiale.
Un monde fascinant
S’il est gigantesque, l’orgue du Walt Disney Concert Hall n’est cependant pas le plus gros au monde. La palme revient en effet à l’orgue à tuyaux situé au Convention Hall d’Atlantic City dans le New Jersey aux États-Unis. Avec ses 7 claviers et ses 33 000 tuyaux, il est aussi le plus gros instrument au monde. «Chaque orgue possède sa propre personnalité, dit Richard Paré. Chacun reflète aussi l’esthétique de son temps. C’est un monde tout à fait fascinant.» Membre fondateur de l'orchestre de chambre Les Violons du Roy, Richard Paré a participé à de nombreuses tournées, que ce soit en Allemagne, en France, en Belgique, en Espagne, en Autriche, en Angleterre, aux États-Unis et un peu partout au Canada. Récemment, il a été soliste invité de l'Orchestre philharmonique de New York pour quatre concerts au Lincoln Center dans une sinfonia de J.S. Bach et un concerto de Handel. Richard Paré est claveciniste régulier à l'Orchestre symphonique de Québec et organiste titulaire à l'église Saints-Martyrs-Canadiens à Québec.