
Julie-Christine Gagné a déposé dernièrement son mémoire de maîtrise en didactique. Sa recherche portait sur l’enseignement des mythes grecs et latins au secondaire. Selon elle, la réhabilitation de cet enseignement se justifie pleinement pour la classe de français du niveau secondaire, ne serait-ce que pour permettre aux élèves de comprendre les références assez fréquentes, dans notre culture, aux mythes grecs et latins. Ces références se retrouvent notamment dans la langue (une tâche herculéenne, le complexe d’Œdipe), la publicité (un personnage vêtu d’une toge parvient, comme Sisyphe, à pousser une grosse pierre au sommet d’une colline, et ce, avec l’aide de la boisson énergisante Red Bull) et le monde du sport (les Argonauts de Toronto, une équipe de football, portent un nom emprunté aux héros grecs partis à la recherche de la Toison d’or).
«Les connaissances acquises à la lecture et à l’analyse des textes fondateurs permettra aux élèves d’enrichir leur univers culturel, de mieux comprendre les origines de la société, de modifier leur vision du monde et de tisser des liens riches avec d’autres textes qu’ils liront», écrit Julie-Christine Gagné dans son mémoire. Cette dernière croit que le Québec aurait avantage à s’inspirer de la France où l’on reconnaît la valeur culturelle, intellectuelle et historique de ces textes. «En classe de sixième, poursuit-elle, soit l’équivalent du début de notre niveau secondaire, quatre œuvres antiques sont au programme, dont la Bible et l’Odyssée. En France, les textes fondateurs sont considérés comme des référents culturels fondamentaux qui fournissent des éléments essentiels pour la construction d’une culture commune.»
Julie-Christine Gagné estime que les adolescents d’aujourd’hui peuvent apprivoiser l’univers des mythes gréco-latins compte tenu qu’ils sont, pour un grand nombre d’entre eux, déjà en contact avec des univers mythiques. «Dans leurs aventures, les personnages littéraires Harry Potter et Amos d’Aragon exploitent des thèmes mythiques à saveur du 20e siècle, explique-t-elle. Dans ces histoires, le héros est en quête de sa destinée dans un climat de violence. Ce type d’histoires fascine les enfants et les adolescents. La première qualité du texte mythique est qu’il sollicite l’imagination.»
Dans son mémoire, Julie-Christine Gagné propose une série d’activités concrètes pour l’enseignement d’une version jeunesse de l’Odyssée en classe de français du premier cycle du secondaire, soit aux élèves de 12 à 14 ans. Elle recommande notamment aux enseignants de s’inspirer des expériences de lecture antérieures des élèves afin de lier l’œuvre à leur actualité. Une des activités proposées consiste à constituer un portfolio d’œuvres d’art qui, depuis l’Antiquité, illustrent les différents épisodes du long voyage de retour d’Ulysse après la prise de Troie. «L’éventail des activités a été validé par des didacticiens, indique Julie-Christine Gagné. Il sera prochainement mis en ligne sur le site www.portail-litterature.fse.ulaval.ca.»