«J'aime les humains, j'aime être entourée de gens et j'aime quand ça fonctionne bien.» Cette affirmation d'Isabelle Tapp résume très bien la personne qu'elle est. Elle trace aussi un fil conducteur entre les projets et les engagements qui, jusqu'à maintenant, ont jalonné le parcours de celle qui a remporté le prix Personnalité au Gala de la vie étudiante 2021.
Étudiante au programme parallèle de doctorat de 1er cycle en médecine et de maîtrise en administration des affaires en gestion de la santé, Isabelle affirme qu'une carrière dans le domaine des soins lui semblait une évidence. «La médecine m'apparaît comme une façon de m'investir, de me donner les moyens d'améliorer les choses concrètement pour la population. Du diagnostic à la réflexion sur les grands enjeux de santé en passant le contact avec le patient, c'est une profession qui permet d'exercer un leadership et un engagement. Je ne me verrais pas faire autre chose.»
Et son intérêt pour la gestion, comment s'inscrit-il dans ce paysage? Il est très complémentaire à la formation médicale, fait valoir la lauréate. «La médecine permet de comprendre comment l'être humain fonctionne. La gestion permet de comprendre comment il fonctionne en groupe.»
De solides notions de gestion devraient être enseignées aux futurs médecins, assure Isabelle, parce qu'ils sont appelés, entre autres choses, à prendre des décisions, à participer à des comités multidisciplinaires, à gérer des cliniques et des services. Étudier en gestion, ajoute-t-elle, permet d'intégrer des connaissances qui aident à la collaboration et à la capacité d'interagir avec les autres.
Passion pour la représentation étudiante
Si se destiner à une carrière en santé relève de l'évidence pour Isabelle Tapp, il en va de même pour son engagement à servir son milieu. «Ça fait partie de moi», avoue celle qui, adolescente, participait déjà de multiples façons à la vie parascolaire dans son école secondaire de Matane, ville dont elle est originaire.
Ces dernières années, les nombreux engagements qu'elle mène de front avec ses études se déroulent tant dans l'espace étudiant que communautaire. «La représentation étudiante m'anime beaucoup», explique-t-elle. Entre mai 2019 et mai 2020, elle a d'ailleurs agi à titre de vice-présidente aux finances du Regroupement des étudiants en médecine de l’Université Laval (REMUL). «Les associations étudiantes sont des organisations très proactives. Elles offrent des expériences hors du commun basées sur la force d'un groupe formé de futurs collègues.»
Parmi les dossiers qu'Isabelle Tapp a pilotés au sein de la REMUL, l'un d'eux s'est avéré particulièrement prenant, soit la centralisation des finances de ce regroupement étudiant. «La structure administrative et comptable devait être réformée. J'ai donc entrepris ce projet.» Multiples consultations auprès de ses pairs, nombreuses démarches juridiques, ce travail de longue haleine lui a demandé du souffle et beaucoup de patience. «J'ai compris que je ne serais jamais comptable, blague-t-elle. Mais surtout, l'expérience m'a convaincue de la pertinence d'acquérir des compétences en gestion dans le cadre d'un cursus en médecine.»
Convaincue, l'étudiante l'était sans doute un peu déjà, elle qui, entre mai 2019 et 2020, avait été directrice générale à l'Université Laval de l'Organisation médicale étudiante en gestion des affaires.
Au niveau provincial, depuis juillet 2020, Isabelle Tapp joue un rôle d'administratrice à la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), qui représente quelque 4000 étudiants en médecine au Québec. «Ma présence à la FMEQ me permet de mieux comprendre les rouages des systèmes universitaire et de santé. Comme je suis la seule représentante de l'Université Laval, je prends mon rôle très à cœur.»
Redonner à la communauté
Contribuer au mieux-être de sa communauté fait aussi partie des actions chères à Isabelle Tapp. «C'est important, de sortir de ce qui se fait sur le plan facultaire, croit-elle, ça nous donne un point de vue global sur la vie qui nous entoure.»
Au printemps 2019, un peu par hasard, la doctorante découvrait le Mouvement Albatros du Québec dont le mandat est d'accompagner les personnes atteintes d'une maladie grave dans les dernières étapes de leur vie. Depuis, elle est membre du CA de l'organisme. Elle fait aussi de l'accompagnement sur le terrain.
La bénévole confie que ce service touche une réalité qu'elle a vécue de l'intérieur. «Quand j'étais toute petite, mes parents étaient proches aidants de mon grand-père. Je les ai vus être épuisés; j'ai vu mon grand-père vivre des deuils par rapport à sa maladie.» Ce qui ne veut pas dire que ces moments où elle offre sa présence sont synonymes de lourdeur. «Bien au contraire, j'en retire énormément. Quand on côtoie quelqu'un en fin de vie, on se coupe de tout le reste. Nos petits tracas quotidiens prennent le bord. C'est une profonde leçon d'humilité et de don de soi. Et quand la personne est en paix avec sa condition, il se dégage de ces instants une très belle énergie, très positive.»
Cet été, Isabelle ajoutera à sa feuille de route un certificat en comportement organisationnel de l'Université Harvard avant d'entamer son externat à l'automne. «J'ai hâte de sauter à pieds joints dans le milieu des soins, de voir comment sa gestion fonctionne. Ça me fascine, parce qu'il gagnerait tellement à être amélioré», lance-t-elle.
Pour Isabelle Tapp, quand c'est compliqué, il faut trouver un moyen de simplifier les choses. «Pour moi, dans la vie, quand on pèse sur le gaz, il faut que ça avance», illustre-telle. Quant aux choix de sa spécialité, il n'est pas arrêté pour la doctorante. «Je fonctionne toujours en restant ouverte aux opportunités, c'est la meilleure façon de rester impliquée dans mon milieu», conclut-elle.