«Dans des situations de crise comme celle que nous vivons, on se sent impuissant devant le cours des choses. Je me suis demandé à quoi mes connaissances pouvaient être utiles et j'ai eu l'idée de contacter les propriétaires d'une distillerie pour les aider à produire du gel antiseptique. Mais, c'est vraiment grâce à eux que le projet va de l'avant et le mérite leur revient entièrement», insiste le professeur Grant Vandenberg, de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation.
La rupture des stocks de gel antiseptique n'avait pas échappé au professeur Vandenberg. «Un ami de la région du Niagara m'a fait parvenir un article au sujet d'une distillerie qui utilisait l'alcool qu'elle produisait pour en faire du gel antiseptique plutôt que des spiritueux. Je me suis dit que si c'était bon pour l'Ontario, ça devait être bon pour nous ici au Québec. J'ai donc contacté les dirigeants de la distillerie Vice et Vertu de Saint-Augustin pour leur offrir mon aide s'ils voulaient convertir leur production.»
De leur côté, Simon Bélanger et Franck Sergerie, de Vice et Vertu, et David Lévesque et Christophe Légasse, de la Distillerie de Québec, avaient déjà amorcé une réflexion sur cette conversion, mais leur expertise en production de spiritueux n'était pas transposable à la production de gel antiseptique. «Grant a été le catalyseur du projet, souligne David Lévesque. Il nous a aidés à déterminer la bonne recette de gel, il nous a mis en contact avec le Laboratoire MAT de Québec, qui avait les ingrédients en stock, et il nous conseille pour les tests de qualité.»
Pour trouver la bonne recette, le professeur Vandenberg s'est tourné vers les outils de référence de l'Organisation mondiale de la santé. «Ce n'est pas sorcier. Il y a trois ingrédients de base dans un gel antiseptique, rappelle-t-il. Il faut un alcool à concentration élevée, comme l'éthanol produit par les distilleries, pour tuer les microbes, du peroxyde d'hydrogène pour détruire les spores et un émollient comme la glycérine pour prévenir l'assèchement des mains. Il est important que le produit final ait un taux d'alcool suffisant sinon le gel ne sera pas efficace pour détruire les microorganismes.»
Les deux distilleries attendent maintenant les permis et autorisations officielles requis avant de lancer leur production. «Dans le contexte de crise sanitaire, ces formalités administratives devaient être plus rapides qu'à l'habitude, signale Christian Légasse. Nous avons en main suffisamment d'ingrédients pour produire 5000 litres de gel et nous pourrions en produire davantage par la suite.»
Il ne faut toutefois pas espérer voir ces produits sur les tablettes des pharmacies prochainement. Les premiers lots sont destinés à combler les besoins des répondants de première ligne.