
À terme, l'écoquartier contiendra 782 logements et les locaux pour bureaux couvriront 21 000 mètres carrés.
— Ville de Québec
«Tous les représentants de la Ville que nous avons rencontrés lors du colloque se sont dits très satisfaits de nos résultats, affirme le professeur Lebel. L'analyse des étudiants démontre clairement que le projet d'écoquartier tel qu'imaginé par la Ville devrait être bénéfique pour la santé de la population. Et si la Ville adoptait les recommandations des étudiants, l'impact positif en serait même bonifié.»
Le secteur d'Estimauville, un territoire déstructuré et défavorisé nécessitant une revitalisation, est situé à quelques minutes en voiture du centre-ville. L'écoquartier qu'on y aménagera s'insère dans un Programme particulier d'urbanisme. Il commencera à prendre forme l'automne prochain avec le démarrage des travaux de construction de la rue principale, des travaux de surface et des travaux de voirie connexe. À terme, l'écoquartier contiendra 782 logements et les locaux pour bureaux couvriront 21 000 mètres carrés.
Un écoquartier s'appuie sur les principes du développement durable. Ce concept vise à offrir un milieu de vie agréable et convivial, et ce, pour tous les groupes sociaux. Dans le projet de la Ville de Québec, une gamme complète de biens et services sera offerte à distance de marche. Parmi les innovations durables qui seront mises de l'avant, il y aura notamment des bornes de recharge pour les véhicules électriques et un éclairage économe limitant la pollution lumineuse, ainsi que la certification LEED pour les bâtiments.
Pour optimiser son projet, la Ville souhaitait en évaluer l'impact potentiel sur les déterminants sociaux de la santé. Au nombre de huit, ces déterminants comprennent la sécurité alimentaire, les espaces verts et publics, et l'inclusion sociale, de même que la qualité de l'air et le bruit. «La Ville nous a ouvert ses portes en soulignant le caractère nouveau et pertinent d'une telle approche, précise Alexandre Lebel. Pour la première fois, une telle évaluation d'un projet urbanistique a eu lieu dans la région de Québec.»
Les étudiants ont consulté les plans et devis du projet de 2015. Ces documents peuvent être sujets à changement. Ils ont aussi visité le terrain pour réaliser une évaluation d'impact sur la santé. Cet outil d'analyse est surtout employé dans le monde anglo-saxon. «À partir du modèle général de cet outil d'aide à la décision, souligne Bonaventure Mukinzi, nous avons créé notre propre outil pour évaluer en détail l'influence du milieu physique et socioéconomique sur la santé.»
Ce dernier insiste sur l'approche interdisciplinaire. «Dans notre revue de la littérature scientifique, explique-t-il, nous avons touché à des domaines aussi différents que le transport, l'économie et l'environnement. Notre équipe était également interdisciplinaire. Ses membres provenaient d'horizons aussi divers que la science politique, l'architecture, les affaires publiques et la géographie.»
Au cours de leurs travaux, les étudiants ont pris conscience de la grande importance de l'aménagement du territoire sur la santé. «Une étude de 2005 du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec montre qu'au moins 22 des 30 années d'espérance de vie gagnées au 20e siècle seraient attribuables à notre environnement socioéconomique et physique, indique Bonaventure Mukinzi. Notre état de santé en dépendrait à 60%.»
Les étudiants ont formulé 22 recommandations. L'une d'elles consiste à prolonger la piste cyclable vers le terminus Beauport dans un esprit d'intermodalité avec le transport en commun. Une autre consiste à verdir les aires de stationnement extérieur pour lutter contre les îlots de chaleur. En matière de mixité sociale, les étudiants proposent de construire 79 logements sociaux. Une autre recommandation concerne le rez-de-chaussée des bâtiments commerciaux. Il est recommandé de construire les façades avec 60% de matériaux transparents afin d'augmenter le sentiment de sécurité dans les espaces publics.
«Notre recommandation sur les logements sociaux, nous la croyons réaliste et relativement facile à implanter, soutient Alexandre Lebel. Celles portant sur la connectivité de la piste cyclable et le verdissement des stationnements sont difficilement contestables, la plupart des intervenants québécois suggérant ce type d'interventions. Enfin, l'utilisation de matériaux transparents pour favoriser la sécurité informelle et encourager les déplacements à pied est moins courante. Toutefois, quelques représentants de la Ville au colloque du 26 mai ont particulièrement apprécié cette recommandation.»