Un bon contenant
«L’enfant au moi insécurisé croit que nul ne peut le protéger des dangers sauf lui-même, dit Johanne Lemieux. Dans cet esprit, le besoin de contrôler la relation ou la situation l’emporte sur le besoin d’être félicité ou sur celui de la peur d’être puni, et ce, même s’il a autant besoin d’être valorisé et puni qu’un autre enfant. Mais pour lui, obéir veut dire se montrer faible et vulnérable face un adulte à qui il ne fait pas ou plus confiance.» Contrairement à ce qu’on croit, un enfant souffrant du trouble de l’attachement peut aimer et se laisser aimer, mais il est incapable de remettre sa vie entre les mains des adultes qui prennent soin de lui. Sa perception du monde souffre de distorsion. C’est tout le contraire pour un enfant qui sent qu’il est un être important et qu’il vaut la peine qu’on prenne soin de lui.
S’il croit que les adultes sont des gens à qui on peut généralement faire confiance, l’enfant développera un modèle d’attachement sécurisé, de souligner Johanne Lemieux. «Le vrai test de l’attachement, c’est lorsqu’un enfant se casse la figure ou fait une erreur, constate la travailleuse sociale. Il doit savoir que se montrer faible et vulnérable n’est pas dangereux et qu’on ne cessera pas de l’aimer pour autant.» Comment rassurer cet enfant pour qu’il puisse aller de l’avant? Selon Sonia Lechasseur, psychologue-experte dans le domaine et autre conférencière au Congrès, il est essentiel que l’adulte qui accompagne l’enfant en trouble de l’attachement en comprenne bien les symptômes et puisse les décortiquer «pour faire du sens dans le non-sens». «L’adulte, sa disponibilité, sa confiance et son attitude sont des éléments déterminants d’un traitement efficace, explique Sonia Lechasseur. L’adulte doit être un bon contenant pour contenir son enfant et lui ouvrir les portes de sa vie.»