24 avril 2020
Plus de 200 jeunes artistes du Québec en ligne
Grâce à l’initiative de la directrice et d’une chargée de cours au baccalauréat en enseignement des arts et de la collaboration de l’École en réseau, des jeunes de partout au Québec ont accès à des ateliers en ligne
« Maman, Papa! Venez! Mon cours d’art en ligne commence! »
Ces mots ont fort probablement résonné à quelques reprises, au cours des derniers jours, dans plusieurs maisons des quatre coins du Québec.
En fait, ce sont plus de 100 familles et 200 jeunes âgés de 5 à 12 ans et résidant notamment à Gaspé, Rimouski, Beauceville, Bellechasse, Lévis, Chicoutimi, Baie-Saint-Paul, Québec, Yamachiche, Montréal et Mont-Laurier qui ont suivi, depuis le 14 avril, des ateliers d’art donnés par des étudiantes au baccalauréat en enseignement en art de l’Université à Laval.
«Quand on a su, le vendredi 13 mars, qu’on ne pouvait plus ni donner nos cours ni rentrer à l’Université, des étudiantes de deuxième année du bac n’avaient pas terminé leurs stages dans les écoles primaires, souligne Joëlle Tremblay, professeure agrégée et directrice du baccalauréat en enseignement des arts. En fait, ils avaient seulement 4 jours de complétés sur 12… Alors la question se posait: comment faire ces stages si toutes les écoles sont maintenant fermées?»
La directrice et la chargée de cours Jessie-Mélissa Bossé, qui est également coordonnatrice des stages à l’École d’art, ont alors eu l’idée de communiquer avec une ancienne étudiante, Esther Simard St-Pierre, qui est coordonnatrice pour l’École en réseau.
Projet imaginé par la Faculté des sciences de l'éducation et mis en place en 2001 en collaboration avec le CEFRIO et différents partenaires, l’École en réseau est un programme qui met en relation des enseignants et des élèves provenant de partout au Québec par une plateforme collaborative. Plus précisément, ceux-ci ont accès à un système de visioconférence pour faire des rencontres virtuelles en groupe ou en duo. Or, jusqu’ici, le programme n’était pas très développé dans le domaine de l’enseignement des arts.
«Dans ces périodes de grands vents où tout chancelle, survient aussi souvent une créativité sans borne, affirme avec un brin de philosophie Joëlle Tremblay. Bref, on s’est tous mis à réfléchir à la possibilité que nos étudiantes stagiaires puissent terminer leurs stages avec l’École en réseau. Tout ça a mijoté, on a eu des tonnes de réunions, on a travaillé comme des fous (rires), puis en accord avec l’École en réseau, la Faculté d'aménagement, d'architecture, d'art et de design, l’École d’art, la Faculté des sciences de l’éducation et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, on a parti le projet.»
Les étudiantes stagiaires ont ensuite été invitées à rencontrer rapidement leur enseignante et la coordonnatrice de l’École en réseau afin de se familiariser avec la plateforme, mais aussi pour déterminer une notion à enseigner aux jeunes. Une présentation de 30 minutes (sous forme de document PowerPoint) et une capsule vidéo – qui servait de résumé et que les élèves pouvaient consulter à la suite de l'atelier – devaient être produites par chaque étudiant. Quant à la publicité et aux inscriptions, elles allaient se faire par les différents canaux de l'École en réseau. Au total, pas moins de 18 ateliers donnés par 9 étudiantes étaient prévus.
«Les commerces de matériel artistique étant tous fermés, bien des enfants n’ont pas ou peu de matériel à la maison, explique la chargée de cours Jessie-Mélissa Bossé. J’ai donc dit à mes étudiantes d’improviser, en pensant, par exemple, au matériel qu’on pouvait tous avoir chez nous à la base, même dans une situation de confinement. Faire une estampe avec des patates ou encore de la cartogravure avec des styromousses, qu’on a parfois à la maison à cause des aliments qu’on achète, sont des exemples.»
Une expérience unique
L’étudiante stagiaire Gabrielle Brochu, dont le projet s’intitulait «Rêve ou cauchemar dans le tiroir», a adoré son expérience. Elle invitait les enfants à transformer un tiroir de leur chambre en un univers miniature secret inspiré de leurs rêves.
«J’ai trouvé cela très enrichissant, car comparativement au contexte de classe, qui est très académique, c’est surtout une expérience humaine et familiale, affirme l’étudiante. Les enfants choisissent leur projet et le font à la maison alors que leurs parents sont près d’eux. C’est donc un contexte relationnel très fort et unique. C’est une expérience qui touche vraiment le cœur des gens.»
L’étudiante Marie Porter-Houde a pour sa part proposé un atelier de cartogravure sur les arcs-en-ciel. Les jeunes artistes étaient amenés à en dessiner un, à le peindre, puis à le recouvrir entièrement de gouache ou d’encre de Chine noire. Ensuite, à l’aide d’un grattoir, d’un pic à brochette ou d’une fourchette, ils grattaient toute la surface afin d’en faire ressortir un contraste de couleurs.
«J’ai beaucoup aimé cela, car j’aime ça mélanger toutes les couleurs, dit Élodie, 8 ans, qui a participé à cet atelier. Après, on grattait tout ça pour enlever le noir. Dans le fond, c’est comme si pendant la quarantaine, tout était noir, pis qu’après la quarantaine, on gratte, pis toutes les couleurs apparaissent!»
«Ce que j’ai vu dans les yeux de ma fille, c’est qu’elle avait l’impression de faire partie d’un nouveau groupe et qu’elle pouvait partager ses créations avec d’autres. C’était vraiment génial. En fait, Élodie a tellement aimé ça qu’elle s’est finalement inscrite à tous les ateliers à venir.»
Une fois les œuvres réalisées, les jeunes artistes sont invités à aller déposer des photos de celles-ci sur la page Facebook du projet Art en ciel-Stage.
Plusieurs enseignants associés, qui supervisaient les étudiantes stagiaires avant le confinement, ont même assisté à leurs prestations.
À voir un tel succès, ce projet fera-t-il des petits? Des discussions sont effectivement en cours entre les différentes parties prenantes, afin de voir si ce genre de stage pourrait éventuellement se répéter dans le futur pour les étudiants.
Avis aux enfants et parents intéressés: des ateliers en ligne sont offerts jusqu'au 28 avril et c'est gratuit!
Plus d'information sur les ateliers à venir (incluant le formulaire d'inscription de l'École en réseau)