Le 13 mars dernier, la haute direction de l’Université prenait la décision de faire revenir au Canada ses 436 étudiantes et étudiants en séjour de mobilité à l’étranger. Début avril, 325 d’entre eux étaient rentrés au bercail. Quatre-vingt-dix, par ailleurs, avaient décidé de prolonger leur séjour. Les autres étaient dans l’impossibilité de rentrer au Canada ou n’avaient pas donné de leurs nouvelles. L’Opération rapatriement est donc pratiquement terminée. Une autre étape sera franchie le 2 mai avec le retour de Nouvelle-Zélande de la doctorante en sciences forestières Marine Duperat. Son rapatriement était préalablement envisagé le 8 avril.
«Mon directeur de recherche et les instances de ma faculté sont informés, explique-t-elle dans un récent courriel. Mon centre de recherche québécois s’est d’ailleurs offert de financer mon loyer sur place jusqu’à mon retour. Et mon centre de recherche d’accueil néo-zélandais a prolongé mon contrat de stage pour que je sois couverte ici également et que j’aie leurs programmes de soutien à la recherche accessibles facilement. Mon assurance vient d’être renouvelée jusqu’à mon retour.»
À l’Université, la haute direction a reconnu le Bureau international comme service prioritaire le temps du rapatriement. Cette opération d’une envergure sans précédent pour le Bureau a nécessité le travail de sept professionnelles et de cinq secrétaires de gestion. Selon le directeur du Bureau, Richard Poulin, faire revenir en si peu de temps quelques centaines d’étudiantes et d’étudiants d’un peu partout à travers le monde fut une grande entreprise qui s’est malgré tout déroulée rondement. «Notre mot d’ordre était: revenez! dit-il. L’Université a été l’une des premières sinon la première université au Québec à avoir décidé un rapatriement massif de ses étudiants à l’étranger.»
Selon lui, la Politique sur la sécurité des séjours à l’international ou dans les régions éloignées du Canada, en vigueur depuis 2017, a beaucoup aidé dans les circonstances. «Cette politique, souligne-t-il, a servi de cadre et permis à l’Université de prendre sa décision d’autant plus rapidement.»
Autre élément facilitateur: le registre de mobilité où sont inscrits la très grande majorité des étudiants en séjour à l’étranger. «Il nous a rendus très efficaces durant le rapatriement, affirme Richard Poulin. Le registre contient notamment les dates de départ et de retour, le pays d’accueil, ainsi que la ville et l’établissement d’enseignement partenaire où se trouvait l’étudiant, de même que le nom et les coordonnées d’une personne de référence. Nous avons pu joindre nos étudiants, peu importe où ils étaient, discuter avec eux de la situation et savoir s’ils revenaient ou pas.»
Le Bureau a aussi obtenu la collaboration d’une agence de voyages pour les étudiants qui souhaitaient simplifier leur démarche d’achat de billet d’avion.
Deux semaines intensives
Mylène Grondin est conseillère en mobilité internationale au Bureau international. Elle rappelle que tout le personnel du Bureau a dû mettre ses tâches habituelles de côté. «Nous avons travaillé les soirs et la fin de semaine pendant 14 jours pour assurer un suivi continu auprès des étudiants, raconte-t-elle. Les étudiants pouvaient d’ailleurs communiquer avec nous 24 heures par jour, 7 jours par semaine, grâce au numéro d’urgence de l’Université. Pour assurer un suivi efficace, une partie de l’équipe était présente physiquement au Bureau et une transition sans heurt vers le télétravail s’est faite graduellement grâce à l’appui de la Direction des technologies de l’information.»
Selon la conseillère, l’Opération rapatriement a généré de grandes déceptions et un stress émotionnel important chez les étudiants. «Ils s’étaient préparés à vivre cette expérience pendant des mois, dit-elle, ils devaient laisser derrière, entre autres, de nouveaux amis. Ce fut le deuil d’un rêve attendu depuis longtemps pour certains. À l’Université, une collaboration a été mise en place avec le Centre d’aide aux étudiants pour leur offrir le meilleur soutien possible dans les circonstances.»
Le personnel du Bureau vivait aussi un stress. «La situation changeait rapidement et nous devions suivre les développements de la pandémie à l’échelle mondiale avec attention et précision, poursuit Mylène Grondin. À un certain point, cela était en quelque sorte une course contre la montre avec de plus en plus de pays qui annonçaient la fermeture de leurs frontières dans des délais très rapprochés. Le prix des billets d’avion montait en flèche et les vols s’annulaient sans préavis.»
L’équipe a dû prendre des décisions difficiles et rapidement. «La santé et la sécurité des étudiants sont demeurées au centre de nos préoccupations, indique-t-elle, et c’est ce qui a guidé l’orientation de nos actions.»
Richard Poulin souligne que les séjours de mobilité de l’automne 2020 et de l’hiver 2021 sont maintenus comme prévu, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Cela concerne autant les étudiants étrangers qui viennent étudier à l’Université Laval que les étudiants québécois, inscrits à l’Université, qui vont séjourner dans un autre pays. «Très peu d’universités nous ont déjà informés qu’elles suspendaient à la session d’automne l’accueil d’étudiants en échange, explique-t-il. Les étudiants qui ont prévu une mobilité à l’automne 2020 ont aussi l’option de reporter cette dernière à la session d’hiver 2021, avec l’accord de leur direction de programme.»