Huit conférences, de jour et de soir, par des professeures et professeurs de l’ensemble des départements et écoles de la Faculté des sciences sociales: voilà ce qu’offrira la deuxième Semaine de la recherche en sciences sociales 2019, du 25 au 27 novembre au cégep Limoilou. Cette semaine se déroulera sur le thème «La recherche sociale au service de la santé et du bien-être». Les sujets abordés par les conférenciers seront actuels. À titre d’exemple, Nancy Côté, du Département de sociologie, parlera des enjeux et défis entourant les infirmières praticiennes spécialisées en soins de première ligne. Pour sa part, Yanick Charrette, de l’École de travail social et de criminologie, abordera le suivi des personnes déclarées non criminellement responsables pour cause de troubles mentaux. Quant à Manon Boulianne, du Département d’anthropologie, elle se penchera sur le système alimentaire de la grande région de Québec. Sa présentation aura lieu le lundi 25 novembre à compter de 20h, au Campus de Charlesbourg (7600, 3e avenue Est, Québec).
Un grand potentiel productif
Le système alimentaire de la grande région de Québec s’étend sur deux régions administratives: la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. En 2016, on recensait un peu plus de 1000 fermes dans la première et cinq fois plus dans la seconde. Dans la Capitale-Nationale, plus d’une ferme sur cinq se consacre à la production des fruits et légumes et aux cultures en serre. Dans Chaudière-Appalaches, la production laitière est le lot d’un cinquième des exploitations agricoles. Cette région fournit 21% de la production laitière totale du Québec et près de 35% de la production de sirop d’érable. Toujours en 2016, les producteurs de la Capitale-Nationale avaient produit 4,4 millions de kilos de pommes. En Chaudière-Appalaches, les producteurs ont fourni près de 3,2 millions de kilos de dindons et dindes.
«Dans notre récente étude, pour certains aliments, on s’est rendu compte assez rapidement que ce qui est produit sur les deux territoires dépasse largement ce qui y est consommé, explique Manon Boulianne. C’est entre autres le cas du lait et du porc dont l'adéquation entre la production et la consommation est respectivement de 348% et 980%. Il y a donc d’évidentes potentialités de développement, d’autant plus que les terres agricoles des deux régions administratives ne sont exploitées qu’à 25% de leur potentiel.»
Un système alimentaire très structuré
Une partie de l’exposé de la professeure portera sur le système alimentaire «conventionnel» basé sur la production de masse et le faible prix des aliments. Elle abordera aussi des initiatives visant à mettre en place des systèmes alimentaires «alternatifs» reposant sur des principes agroécologiques. Mentionnons qu’en 2016, la Capitale-Nationale comptait 35 fermes ayant une production biologique certifiée, contre 230 exploitations agricoles de ce type en Chaudière-Appalaches. Dans les deux régions ensemble, les fermes bio correspondaient à 3,8% du total.
«Une quarantaine de fermes biologiques pour la population de la Capitale-Nationale [745 000 habitants en 2018], indique Manon Boulianne, cela reste marginal.»
Le Marché de proximité de Québec occupe une place particulière dans l'écosystème bio. Cet organisme à but non lucratif contribue à la distribution alimentaire en circuit court. Il offre un accès direct à des aliments frais, diversifiés, produits localement et cultivés écologiquement.
«Le Marché existe depuis 13 ans, dit-elle. Leurs ventes totalisent 5 M$. La clientèle compte environ 600 membres.»
Selon la professeure, le système alimentaire «conventionnel» de la grande région de Québec est très structuré. «À l’intérieur de ce système, souligne-t-elle, un fruit ou légume peut circuler en circuit court, en étant livré directement chez un détaillant, mais cela reste marginal comme circuit de mise en marché, car les détaillants qui sont affiliés à des chaînes d’alimentation comme Sobeys, Loblaw et Metro occupent 64% du marché de l’alimentation au détail. Même s’ils sont indépendants, c’est-à-dire propriétaires de leur magasin, les détaillants doivent s’approvisionner chez leur distributeur, soit la chaîne d’alimentation, pour au moins 85% de leur inventaire pour pouvoir profiter des prix offerts par la chaîne. Il leur reste alors peu de marge de manœuvre pour faire affaire directement avec des producteurs ou productrices, qu’ils soient agriculteurs ou transformateurs. Cela n’est pas toujours intéressant pour eux non plus, car les volumes sont alors plus restreints et cela complique la gestion des stocks et du transport.»
Plus d’information sur la Semaine de la recherche en sciences sociales 2019