
Durant ces deux journées, un total de 33 conférences ainsi que 2 ateliers pratiques – qui relevaient de domaines aussi divers que les lettres, la philosophie, le travail social, l'art graphique, la criminologie, etc. – ont été présentés. Au menu figuraient, entre autres, des réflexions sur les programmes éducatifs, les jeux vidéo, la maternité et les accords grammaticaux. «Les recherches féministes couvrent tout un éventail de disciplines, explique Dominique Tanguay, adjointe à la titulaire et professionnelle de recherche à la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, savoirs et sociétés. Toutefois, ces travaux sont généralement marginaux dans leur faculté d'appartenance, d'où l'importance de favoriser le partage des savoirs. Les chercheuses féministes, à plus forte raison si elles sont étudiantes, sont souvent isolées dans leur département, où elles sont peu nombreuses, poursuit la chercheuse. Ce colloque est particulièrement important parce qu'il constitue une occasion de rassembler et de mettre en valeur la relève.»
Dominique Tanguay précise que, dans le but d'élargir cette diffusion, le Réseau québécois en études féministes, un réseau panquébécois de chercheuses qui compte plusieurs membres à l'Université Laval, soutenait aussi l'événement.
Pour Lorena Suelves Ezquerro, doctorante en anthropologie et membre du comité organisateur, la pertinence d'un tel colloque allait de soi. «Les questions entourant le féminisme ont été largement médiatisées ces derniers mois, rappelle-t-elle. Or, aborder ces sujets sous l'angle multidisciplinaire permet d'amener la réflexion encore plus loin.» Dans ses recherches, la jeune femme s'attarde notamment à la culture du viol et aux effets des politiques canadiennes sur l'immigration et le mariage.
En plus de proposer un partage des savoirs, le Colloque étudiant féministe servait également de lieu de convergence entre les milieux scolaire, communautaire et militant. Des représentantes de ces milieux, dont deux adolescentes, sont venues témoigner de leur expérience et de leur point de vue. «L'exploration théorique et ce qui se passe sur le terrain s'imbriquent et s'influencent, explique Lorena Suelves Ezquerro. Les mouvements sociaux donnent le ton à la recherche et l'inverse est aussi vrai. La recherche permet de mettre sur la table des faits, de proposer des pistes de solution que les milieux communautaire et militant peuvent appliquer par la suite.»
D'ailleurs, le document de présentation du Colloque rappelait combien les études féministes, au Québec et ailleurs, ont contribué à transformer les connaissances et les pratiques, participant ainsi à l'avancement de la condition des femmes. «Mais il reste du chemin à faire, rappelle Lorena Suelves Ezquerro. Il y a au Québec cette tendance à croire que l'égalité de genre est acquise, mais ce n'est pas le cas.»
Ceci dit, pour mieux faire face aux défis de l'avenir, la relève en recherche est-elle assurée? «Je suis très confiante. La forte participation des étudiantes au Colloque, tout comme le nombre inattendu de propositions de communication acheminées au comité scientifique, en sont des manifestations éloquentes», assure Dominique Tanguay.
La chercheuse ajoute qu'un autre rendez-vous viendra sous peu montrer la vivacité des études féministes sur le campus. L'Université féministe d'été se déroulera du 21 au 26 mai sur le thème «Femmes, violences, politiques et résistances». L'événement, qui en est à sa 15e année d'existence, est déjà marqué par un record de popularité, fait valoir Dominique Tanguay. Plus de 200 personnes y sont inscrites, dont les deux tiers sont étudiantes. «Cela témoigne de l'intérêt des étudiantes et de la pertinence de la recherche féministe pour la relève», se réjouit-elle.
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