
Environnement, santé mentale, parentification, violence conjugale, quête de soi, mémoire autochtone, droits des femmes: voici huit livres qui explorent une diversité de thèmes à travers le roman, la poésie, la bande dessinée, l'essai, le récit autobiographique ou l'ouvrage historique.
Les ressources naturelles (Alto), par Christiane Vadnais

Professionnelle de recherche au Laboratoire Ex Situ, Christiane Vadnais est titulaire d'une maîtrise en études littéraires. Son premier roman, Faunes, a été traduit en six langues, en plus de remporter de nombreux prix. Celle qui a été nommée «jeune autrice à surveiller» par Radio-Canada publie sa deuxième œuvre qui devrait, encore une fois, séduire un large lectorat.
Les ressources naturelles est l'histoire d'une ancienne militante écologique, Clémence Saint-Pierre, devenue directrice des communications d'une entreprise qui prétend régénérer la nature à coup d'innovations. Tout semble possible dans cette société où la technologie prend le pas sur la biologie. Mais une anomalie dans le golfe du Saint-Laurent survient, et Clémence commence à voir les failles de la mission de l'entreprise.
Portrait d'un avenir troublant, Les ressources naturelles explore notre relation avec l'environnement, l'essor technologique et le transhumanisme. Inspirée par des penseurs comme Donna Haraway et Elizabeth Kolbert, Christiane Vadnais signe un roman engagé qui remet en question les promesses du capitalisme vert. Le tout servi par une plume à la fois ciselée et poétique, où chaque mot semble avoir été choisi avec soin.
Eka ashate. Ne flanche pas (Mémoire d'encrier), par Naomi Fontaine

Dans son quatrième roman, Naomi Fontaine donne voix à la mémoire collective de son peuple, les Innus, à travers une série de fragments inspirés des récits de membres de sa famille et d'aînés de sa communauté, à Uashat. Résilience, dignité, transmission: elle célèbre ceux et celles qui ont traversé drames du quotidien, pauvreté, colonisation, injustices, pensionnats et déracinement, sans jamais flancher.
Elle l'affirme avec éloquence: «Rien n'indiquait que notre histoire nous survivrait, mais nous y avons cru. Là, dans nos cabanes en bois, privés de nos enfants, enfermés dans ces réserves que nous n'avions pas choisies, c'est tout ce qu'on avait, tout ce qu'il nous restait.»
Cette œuvre, loin du misérabilisme, ne réduit pas l'histoire des Premiers Peuples à la douleur seule. Elle met en lumière les liens entre langue, territoire et culture, ainsi que la force intérieure d'un peuple qui a traversé moult épreuves.
Bachelière en enseignement du français, Naomi Fontaine a reçu récemment le prix Jeune diplômé de la Direction de la philanthropie et des relations avec les diplômées et diplômés de l'Université Laval. On lui doit notamment les romans Manikanetish et Kuessipan, adapté au cinéma, ainsi que la réédition des classiques de la littérature innue Je suis une maudite sauvagesse et Qu'as-tu fait de mon pays?.
Pleurer dans les petits pains à hot-dog (Nouvelle adresse), par Valérie Boivin

Titulaire d'un baccalauréat en design graphique, l'autrice et illustratrice Valérie Boivin a fait sa marque dans la littérature jeunesse avant de se tourner vers la bande dessinée pour adultes avec Rien de sérieux, parue en 2021. Elle est de retour avec Pleurer dans les petits pains à hot-dog, une autofiction qui résonnera auprès de tous ceux et celles qui rêvent de changement et qui sont tiraillés entre ambition personnelle, peur de l'échec et quête de sens.
Dans cette BD magnifiquement dessinée au crayon de plomb, le quotidien le plus banal devient matière à réflexion et humour. On y suit une graphiste employée dans une entreprise qui fabrique des signets et autres souvenirs funéraires, et qui rêve de tout abandonner pour vivre de son art. Tandis que ses collègues quittent le navire un à un, elle reste figée, coincée entre la sécurité de l'emploi et l'appel de la liberté. C'est finalement une lecture inattendue — l'autobiographie du joueur de tennis Andre Agassi – qui déclenchera en elle une transformation intérieure.
Pleurer dans les petits pains à hot-dog brosse avec tendresse et lucidité le portrait d'une femme en transition, à la recherche d'un chemin plus vrai entre art, doutes et désir d'émancipation.
Un jour, j'ai pu m'envoler (Somme toute), par Marie-Ève Martel

Formée en communication publique et en science politique, Marie-Ève Martel est journaliste depuis 2010. Ayant l'habitude de raconter les histoires des autres, elle livre cette fois la sienne. Un jour, j'ai pu m'envoler est un récit intime et bouleversant, centré sur une relation complexe avec sa mère, fragilisée par la maladie mentale et l'alcoolisme.
À travers des anecdotes souvent dures, toujours empreintes de sincérité, l'autrice retrace les séquelles d'une enfance passée auprès de cette mère instable aujourd'hui décédée. Elle donne voix à la jeune fille qu'elle a été, forcée trop tôt d'endosser un rôle d'adulte.
À travers son histoire, elle explore des thèmes comme la santé mentale, la parentification et le poids de l'héritage familial. Il est aussi question de résilience et de guérison. C'est là tout le cœur de ce récit: montrer qu'il est possible, malgré les blessures du passé, de se reconstruire et d'aimer un parent profondément imparfait. Le livre se conclut de façon émouvante avec des poèmes écrits par sa mère.
Un jour, j'ai pu m'envoler est le cinquième ouvrage de Marie-Ève Martel. Elle a notamment codirigé le collectif Prendre parole. Lettres de la (plus si jeune) relève journalistique, une réflexion sur l'avenir des médias.
YWCA Québec: 150 ans au cœur de la vie des femmes (Septentrion), par Johanne Daigle

Avec sa piscine publique, sa friperie et ses multiples services, la YWCA fait partie du paysage de la ville de Québec. Mais derrière ces activités se cache une histoire méconnue, celle d'un organisme à but non lucratif qui soutient les femmes depuis 150 ans.
Dans cet ouvrage abondamment illustré de photos d'époque, Johanne Daigle, professeure associée au Département des sciences historiques et membre de la Chaire Claire-Bonenfant – Femmes, Savoirs et Sociétés, retrace les grandes étapes de l'histoire de la Young Women's Christian Association depuis sa création en 1875. Elle met en lumière l'énorme contribution des femmes anglophones protestantes à Québec et les réseaux de solidarité qu'elles ont tissés ici et à l'international.
Le livre, soutenu par une facture graphique colorée et attrayante, donne aussi une large place aux témoignages de femmes ayant fréquenté ou travaillé à la YWCA. Au-delà de l'histoire de l'organisme, l'ouvrage offre un éclairage précieux sur l'évolution des droits des femmes et les dynamiques de modernisation sociale au Québec.
Ce livre, qui accompagne une exposition au Musée de la civilisation jusqu'au 9 novembre, fait suite à un projet de ligne du temps interactive créé par l'étudiante Laurie Huot et la professeure Aline Charles, en collaboration avec la YWCA de Québec.
Tout cela m'appartient (Boréal), par Virginie Chaloux-Gendron

Dans Tout cela m'appartient, une narratrice raconte les sept années passées sous l'emprise d'un conjoint violent ainsi que le long et éprouvant combat judiciaire qui a suivi leur séparation. Ce texte, porté par une langue poétique et sans fard, ne cherche ni la pitié ni le spectaculaire: il donne voix à une survivante qui tente de comprendre, de reconstruire, de reprendre possession de ce qu'on lui a volé.
Écrit sous forme de fragments, ce livre explore non seulement la douleur, l'impuissance et la vulnérabilité, mais aussi le pouvoir de l'écriture comme geste de réappropriation. Le titre prend tout son sens: il s'agit pour l'autrice de reconquérir sa propre histoire.
Virginie Chaloux-Gendron a obtenu une maîtrise en littérature à l'Université Laval, où elle s'est intéressée à l'autofiction. On retrouve dans Tout cela m'appartient les échos de cette réflexion sur ce genre littéraire, déjà perceptible dans l'un de ses livres entamés durant ses études, Fais de beaux rêves, qui abordait le côté sombre de la maternité.
La robe en feu (XYZ), par Gabrielle Filteau-Chiba

La poésie peut être un bon remède pour l'écoanxiété. La robe en feu explore la force de résilience – celle de la nature qui persiste, qui guérit, qui reprend ses droits, mais aussi celle des humains, capables de se reconstruire dans les contextes les plus sombres. La forêt, omniprésente dans le recueil, devient à la fois sanctuaire et métaphore: un lieu de refuge, de guérison, mais aussi de résistance.
Gabrielle Filteau-Chiba nous invite à renouer avec la nature, à écouter le bruissement des feuilles et le murmure du vent. Pour elle, une redécouverte poétique de la forêt permet de panser les blessures, qu'elles soient environnementales ou intimes. Elle écrit notamment: «je suis je demeure je serai / un profond puits de joie / malgré tout ce qu'on a osé / briser en moi».
La robe en feu est traversé par l'amour inconditionnel – celui d'une mère pour son enfant – qui renforce cette idée de régénération possible, d'espoir transmis. L'autrice tisse également des résonances avec d'autres œuvres marquantes de la littérature et de la chanson québécoises, comme Le Premier jardin d'Anne Hébert ou Nous aurons de Richard Desjardins.
Titulaire d'un baccalauréat en traduction, Gabrielle Filteau-Chilba compte plusieurs poèmes, romans et traductions à son actif.
Oasis (Hurtubise), par Marie-Christine Chartier

Marie-Christine Chartier n'a pas le parcours habituel d'une autrice, si parcours habituel il y a. Docteure en psychopédagogie, humoriste et ancienne athlète de haut niveau en tennis, elle s'est lancée dans l'écriture pour se changer les idées durant ses études. Depuis la parution de son premier roman, L'allégorie des truites arc-en-ciel, elle a conquis un large lectorat: ses sept livres se sont écoulés à plus de 100 000 exemplaires. Avec Oasis, elle fait son entrée dans l'autofiction.
Le roman suit Emma, écrivaine et étoile montante de l'humour. Sa vie sentimentale, par contre, s'essouffle dans une relation devenue routinière. Tout bascule avec l'arrivée de Rhéaume, un collègue humoriste à la fois captivant et perturbant, qui provoque en elle un véritable bouleversement. Emma doit alors choisir entre la stabilité rassurante de son couple et l'attrait incertain d'un désir naissant.
Oasis aborde des thèmes comme l'amour, la performance, la quête d'authenticité, la vulnérabilité et la complexité du choix. Un roman dans lequel de nombreux jeunes adultes se reconnaîtront, où l'intime se mêle à l'universel.