9 octobre 2025
La Fresque du climat: un atelier ludique sur des enjeux sociaux, économiques et environnementaux
Ce jeu de cartes pédagogique qui éveille aux problématiques liées aux changements climatiques a pris son élan à l’Université Laval, dans et hors des salles de classe
Dans une fresque, une animatrice ou un animateur appelé «fresqueuse» ou «fresqueur» distribue progressivement des cartes à un groupe de 6 à 8 personnes, qui les disposent et redisposent sur une grande feuille, les reliant par des flèches pour mieux comprendre les interrelations entre les éléments qui affectent le climat.
— Yan Doublet
Le 15 octobre, le grand public est invité à tenter une expérience déjà vécue par plus d’un millier d’étudiantes et étudiants de l’Université Laval: la Fresque du climat. Ce concept, créé en France en 2015, vise à initier les participantes et participants aux causes et aux conséquences des changements climatiques. Comprenant 42 cartes, dont le contenu est issu des rapports scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le jeu consiste à établir des liens et à révéler les interrelations entre différents éléments associés de près ou de loin aux changements climatiques.
«On a gardé l’essentiel du jeu, qui est maintenant traduit en 50 langues, mais on lui a donné une couleur ULaval. On a ajouté au contenu des exemples locaux et des données québécoises et canadiennes», indique Rebecca Hennigs, coordonnatrice du programme Mon action climatique ULaval.
Les 42 cartes du jeu sont basées sur la science. Les données proviennent des rapports du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.
— Yan Doublet
Projet phare du programme Mon action climatique
La Fresque du climat est en fait l’une des activités organisées par le programme Mon action climatique ULaval – mis sur pied dans le cadre du chantier transformateur L’ambition climatique – qui cherche à faciliter l’engagement de la communauté universitaire dans la lutte contre le réchauffement planétaire.
Lancée à l’automne 2024 à l’Université Laval, la Fresque du climat a tant gagné en popularité qu’elle monopolise aujourd’hui beaucoup des ressources du programme. «Mais ce n’est pas un mal pour autant, reconnaît Rebecca Hennigs. Souvent, seules les personnes déjà engagées dans l’action climatique participent aux projets dans le domaine. On prêche ainsi aux convaincus. Avec les fresques, on réussit à joindre d’autres publics.»
En effet, la Fresque du climat a été conçue pour être une activité ludique qui peut plaire à tous et toutes, notamment aux néophytes. De plus, elle est habituellement intégrée à un cours. «On n’a pas besoin de convaincre les étudiants de se déplacer pour participer à une activité parascolaire. Ils assistent tout simplement à leur cours», se réjouit Rebecca Hennigs, qui a collaboré jusqu’à maintenant avec des professeures et professeurs de 11 facultés.
— Rebecca Hennigs, coordonnatrice du programme Mon action climatique ULaval, qui organise les fresques à l'Université Laval
La première année a constitué une étape exploratoire du projet. «Les premiers cours ciblés étaient proches de la thématique des changements climatiques, ou du moins faisaient une large place à l’environnement ou au développement durable. Présentement, on entame des discussions avec les directions de programme pour cibler un cours dans le tronc commun. L’objectif final serait que tous les étudiants de toutes les facultés puissent vivre une fresque au moins une fois, tout en évitant les doublons dans le cheminement universitaire», explique la coordonnatrice du programme.
De futurs architectes jouent le jeu
Le 18 septembre, c’était au tour d’une centaine d’étudiantes et étudiants inscrits à un cours du professeur André Potvin de l’École d’architecture d’expérimenter la Fresque du climat.
Pendant trois heures, ils ont pu vivre les deux phases qui composent toutes les fresques. La première est consacrée à la compréhension des enjeux et à l’acquisition de connaissances. Les étudiantes et étudiants, répartis en petits groupes, reçoivent progressivement les cartes d’une animatrice ou un animateur appelé «fresqueuse» ou «fresqueur» et les organisent sur une grande feuille, traçant des flèches entre les phénomènes climatiques, les activités humaines et leurs conséquences. Ce travail permet de voir en un coup d’œil que le réchauffement climatique a diverses causes économiques, politiques et sociales et que ses conséquences affectent autant la santé, l’économie que la biodiversité.
Divers éléments se conjuguent pour créer le réchauffement climatique, et les conséquences touchent notamment les sphères socioéconomiques et géopolitiques.
— Yan Doublet
La seconde phase, plus introspective et tournée vers l’action, invite d’abord les participantes et participants à faire part de leurs émotions. «C'est bon d'avoir des connaissances, mais ça ne suffit pas. Nos émotions sont un moteur d'action important. Ce sont ces émotions qu’il faut canaliser pour s’engager dans l’action climatique et proposer des solutions», déclare Rebecca Hennigs. Ce n’est qu’après cette discussion émotive que les étudiantes et étudiants proposent des leviers à mettre en place dans leur futur champ professionnel. En droit, par exemple, les discussions portent sur les crédits carbone. En sociologie, elles tournent autour des dynamiques sociales liées aux transitions climatiques. «Tout le monde n’a pas à agir au même endroit. Le but de la fresque, c’est que chacun trouve une façon d’agir sur le climat dans ses tâches professionnelles, tout en ne négligeant pas les autres actions individuelles et collectives», souligne-t-elle.
En architecture, les étudiantes et étudiants ont réfléchi à l’incidence environnementale des bâtiments. «La Fresque défait certaines idées reçues. Tout est bien documenté. On perçoit mieux les liens entre la pollution et la conception des bâtiments», indique Xavier Marcoux, étudiant en architecture. «C’est une expérience très interactive. Je connaissais déjà beaucoup de concepts, mais de voir comment tous les éléments ont des répercussions les uns sur les autres, ça fait voir le monde différemment», renchérit Alicia Alain-Tactuk, elle aussi étudiante en architecture.
Les étudiants en architecture Xavier Marcoux (à gauche) et Alicia Alain-Tactuk (à droite) ont participé le 18 septembre à une fresque. L'étudiante en agroécologie Laurence Duquette (au centre) faisait partie de l'équipe chargée d'animer la fresque.
— Yan Doublet
Selon Laurence Duquette, qui fait partie de la brigade de la quinzaine de «fresqueuses» et «fresqueurs», malgré des réalités professionnelles différentes, les discussions finissent toujours par faire ressortir les mêmes enjeux importants. «Les gens ont les mêmes préoccupations, peu importe le domaine d’études. L’avenir de la Terre dépasse les disciplines», affirme l’étudiante à la maîtrise en agroécologie.
Une invitation lancée au grand public
Si la majorité des fresques ont eu lieu dans le cadre d’un cours, quelques-unes ont également été organisées sur le campus à l’occasion d’un événement ou pour des groupes particuliers. «Par exemple, des étudiants en résidence en ont déjà fait une», précise Rebecca Hennigs.
Le 15 octobre, ce sera la première fois que la Fresque du climat s’ouvrira au grand public. Organisée en marge du colloque Action climatique et transitions: regards croisés Québec-France, elle est ouverte à tous ceux et celles qui désirent en savoir plus sur l’action climatique.
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