
Depuis 2014, le nombre de personnes parlant le français dans le monde a connu une progression de 9,6%. La langue de Molière est aujourd'hui la cinquième langue la plus parlée sur la planète après le chinois, l'anglais, l'espagnol et l'arabe.
Ces informations sont tirées de l'édition 2018 de La langue française dans le monde. Édité chez Gallimard, produit par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), ce rapport touffu de plusieurs centaines de pages a été rendu public en marge du Sommet de la Francophonie, à Erevan, en Arménie, les 11 et 12 octobre.
«Les 300 millions de francophones comprennent notamment les 600 000 Russes qui s'expriment en français, explique le professeur Richard Marcoux, du Département de sociologie. Ce chiffre est tiré du recensement récent mené dans ce pays. Toujours à l'extérieur de l'espace francophone, nos données révèlent qu’environ 2 millions de personnes déclarent utiliser le français à la maison aux États-Unis, dont de nombreux ressortissants d’Afrique francophone.»
Le professeur Marcoux dirige l'Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone (ODSEF), un regroupement de plus d'une centaine de chercheurs de 25 pays. Ce sont des démographes, des sociologues, des géographes, des économistes ainsi que de nombreux étudiants. Créé en 2009 à la Faculté des sciences sociales, financé conjointement par l'OIF, l'Agence universitaire de la Francophonie et le gouvernement du Québec, l'Observatoire a pour mission d'appuyer l'ensemble des initiatives permettant de circonscrire les dynamiques linguistiques et de mieux situer la place qu'occupe la langue française au sein des populations de la Francophonie et d'ailleurs.
«Malheureusement, il n'existe pas de dénombrement des francophones à l'échelle de la planète, souligne-t-il. La création de l'ODSEF visait justement à donner des assises scientifiques aux estimations. Nous tâchons ainsi, tous les quatre ans et à partir des méthodologies les plus solides, d'offrir les meilleures estimations possibles en nous appuyant sur les sources les plus fiables issues des instituts nationaux de statistiques, comme Statistique Canada, ou des organisations internationales comme le Programme des Nations unies pour le développement, Eurostat, et autres. Nous avons contribué directement aux éditions du rapport en 2010 et 2014.»
Le rapport révèle de fort jolies choses au sujet du dynamisme du français dans le monde. Par exemple, cette langue est, en Europe, la première langue étrangère étudiée dans les territoires germanophones ainsi qu'au Royaume-Uni. Dans les pays latino-américains, l'anglais vient au premier rang des langues étrangères apprises, suivi du français. Sur Internet, la langue de Molière vient au quatrième rang derrière l'anglais, le chinois et l'espagnol avec 5,6% des internautes. La chaîne TV5 Monde est présente dans 360 millions de foyers et plus de 200 pays. Présent sur les cinq continents, le français est la langue officielle dans 32 États et gouvernements.
Selon Richard Marcoux, le Québec et le Canada sont reconnus à l'échelle mondiale pour la qualité et la quantité des informations statistiques sur les langues. «On a des questions sur les langues depuis le recensement de 1901, rappelle-t-il. Le Canada est le pays dont le recensement en contient le plus. Le dernier exercice en contenait sept. Comme les enjeux sociolinguistiques sont de plus en plus importants, et comme ces enjeux interpellent les responsables des politiques publiques, on retrouve de plus en plus d'informations statistiques sur les langues dans plusieurs régions du monde.»
La langue française dans le monde 2018 brosse un portrait assez optimiste de l'avenir du français sur la planète. Les différents scénarios prospectifs prévoient que le monde comptera entre 477 millions et 747 millions de francophones en 2070. En Afrique subsaharienne, au Maghreb et au Liban, les enquêtes et les analyses permettent de dégager des tendances plutôt favorables. Les francophones d'Afrique sont essentiellement plurilingues. À l'école, à la maison ou au travail, le français arrive toujours au moins en deuxième position. L'usage du français serait plus intense chez les générations les plus jeunes. Dans ces pays, le français n'est jamais considéré comme étant en recul, ou compliqué, ou réservé aux intellectuels. Entre 80% et 100% des francophones d'Afrique et du monde arabe souhaitent que leurs enfants apprennent la langue française.
Cela dit, des défis importants subsistent. «Nous avons contribué à identifier les défis que représentent l'enseignement et la qualité de la formation, indique le professeur. Et ces défis ne sont pas propres à la francophonie. En Afrique, c'est le lot du continent au complet. Je me réjouis de constater qu'à Erevan, il a été décidé d'investir de l'argent pour assurer la qualité des programmes de formation.»
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