
Initiative étudiante, le Bar des sciences réunissait un philosophe, un chercheur en robotique, un journaliste scientifique et une chercheuse en milieu nordique autour de la question «De quoi aura l'air le monde en 2050?».
«On peut parier que, dans 50 ans, le monde aura changé davantage que dans les 500 dernières années. Avec de nombreux outils qui prennent des décisions à notre place, nous serons de plus en plus puissants. On peut se questionner sur ce qui va arriver dans un monde où l'on a un contrôle informatique immense sans avoir les capacités intellectuelles nécessaires pour l'utiliser», nuance Raphaël Arteau McNeil.
Le chargé de cours à la Faculté de philosophie participait, le 7 avril, au Bar des sciences, une activité visant à imaginer le monde du futur. Le comité social de l'Association des chercheures et chercheurs étudiants en biologie avait également réuni Philippe Cardou, professeur au Département de génie mécanique, Jean-François Cliche, journaliste scientifique au journal Le Soleil, et Pascale Ropars, chercheuse postdoctorale au Centre d'études nordiques, pour répondre à la question «De quoi aura l'air le monde en 2050?».
L'activité, qui se déroulait au café Fou AELIÉS, a donné lieu à des échanges fort intéressants. Quel sera l'état de l'environnement? Quelles technologies seront utilisées? Le système d'éducation sera-t-il le même? Autant de questions abordées par ces spécialistes, qui se sont prêtés au jeu de la prévision. «Nous avons choisi 2050 parce que c'est une date-clé dans plusieurs domaines, explique Béatrice Carrier, étudiante à la maîtrise en biologie. Plusieurs groupes se fixent des objectifs pour 2050. Par exemple, les pays du G8 veulent réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre. Chez d'autres groupes internationaux, il est question de réduire la perte de biodiversité et de faire en sorte que les écosystèmes soient résilients pour continuer à fournir les services essentiels. L'an 2050 est aussi la date utilisée pour faire des prévisions en agronomie et en économie. Et que dire de la technologie qui se développe de plus en plus rapidement et qui permet une multitude de choses autrefois inimaginables!»
Pragmatique, Philippe Cardou fait preuve de prudence dans ses prévisions: «Déjà qu'on est incapable de prédire la météo dans un mois, imaginer le monde en 2050 relève de l'exercice acrobatique! N'empêche, se questionner à ce sujet est pertinent. Il est possible de dégager des tendances générales à partir desquelles on peut adapter nos comportements aujourd'hui», explique ce chercheur en robotique.
S'il existe un univers en pleine croissance, c'est bien celui des robots! Les usines, entre autres, regorgent déjà de machines chargées d'effectuer certaines tâches. «On peut s'attendre à une réelle évolution dans ce secteur d'ici les 30 prochaines années. À mon avis, il y aura beaucoup de tâches monotones et répétitives, qui demandent peu de créativité de la part de l'opérateur, qui seront effectuées par des robots. Les gens devront travailler avec des machines de plus en plus intelligentes afin d'augmenter leur productivité et de réduire les risques de blessures. Graduellement, les robots prendront leur place, mais je ne crois pas qu'il y aura des pertes d'emplois massives; de nouveaux emplois seront créés ailleurs», précise Philippe Cardou.
Pour Raphaël Arteau McNeil, venu apporter un angle philosophique aux discussions, le passé est garant de l'avenir. Celui qui s'intéresse aux oeuvres littéraires des grands penseurs rappelle qu'une bonne partie de l'histoire de l'humanité est basée sur l'évolution des idées. «La spéculation sur l'avenir est nécessairement une compréhension du présent. Il est intéressant de voir à quel point certains philosophes ont modelé notre façon de penser et ont eu une incidence énorme sur la société.»