Entre les liens du cœur et les liens du sang, quels sont les plus importants? C’est le sujet qu’avait choisi d’aborder Claudine Parent, professeure à l’École de service social et titulaire de la Chaire Richelieu de recherche sur la jeunesse, l’enfance et la famille, lors d’une conférence intitulée «Qui sont mes véritables parents?», le 4 avril, au pavillon Maurice-Pollack. Si l’auditoire s’est entendu pour dire que toutes les personnes qui s’occupaient de Julie à des degrés divers étaient en quelque sorte ses parents, Claudine Parent en a profité pour souligner l’énorme différence existant entre les trajectoires familiales d’hier et d’aujourd’hui.
«Il y a 40 ou 50 ans, tout était beaucoup plus simple, a expliqué la conférencière. L’homme et la femme se mariaient pour la vie et avaient des enfants qui s’inscrivaient automatiquement dans la lignée familiale. Les remariages n’avaient lieu qu’en cas de veuvage et le nouveau conjoint devenait automatiquement le beau-père ou la belle-mère. Aujourd’hui, avec les divorces et les séparations, il n’est pas rare que les personnes vivent différentes unions au cours de leur existence. Les recompositions familiales qui en découlent peuvent aussi éclater. Pour les enfants, ce sont autant de figures parentales qui s’ajoutent. En somme, les parents d’aujourd’hui ne sont pas toujours ceux qui ont donné naissance aux enfants.»
Un engagement qui évolue
Aux fins de ses recherches, Claudine Parent a rencontré 19 beaux-parents, dont 15 beaux-pères. Elle leur a demandé de parler de la façon dont ils voyaient leur relation entre eux et l’enfant de leur conjointe. «De façon unanime, les beaux-pères comprenaient l’importance de ne pas chercher à remplacer le père biologique, rapporte Claudine Parent. Très peu d’entre eux souhaitaient entretenir une relation purement amicale avec l’enfant, la plupart voulant plutôt d’une relation où coexistaient l’amitié, l’affection, le respect et l’autorité.» L’idée qu’ils se faisaient de l’éducation et de la discipline variait selon leur degré d’engagement, le juste milieu étant le plus souvent préconisé. En effet, le beau-père devait faire respecter les règles familiales, soutenir et conseiller la mère, mais éviter les interventions directes avec les enfants. Évidemment, cet engagement pouvait évoluer avec le temps et selon les circonstances, selon l'âge de l’enfant et le moment où le beau-père avait fait son entrée dans la famille.
«Tous les beaux-pères que j’ai rencontrés ont parlé de l’importance de définir avec leur conjointe le type d’engagement souhaité auprès de l’enfant, dit Claudine Parent. Ils ont aussi insisté sur la nécessité de renégocier régulièrement cette entente et de faire les ajustements au fur et à mesure.» Et si d'aventure le couple se sépare? Toutes les études prouvent que ce sont les conflits et les disputes qui sont les plus dommageables pour l’enfant, constate Claudine Parent. On peut donc en conclure que l’addition de figures parentales aimantes autour de lui est une bonne chose.»