23 juillet 2020
Avec et pour le citoyen
En collaboration avec son équipe et les nombreux partenaires, le nouveau directeur général de l’Alliance santé Québec, Antoine Groulx, entend impliquer comme jamais les citoyens au cœur des différents projets portant sur la santé durable et le bien-être des populations
Adolescent, il avait clairement affirmé à son père qu’il ne suivrait jamais ses traces. Et pourtant…
«Aussi longtemps que je me souvienne, à la maison, la science et la santé étaient toujours au cœur de notre quotidien, tout comme l’activité physique», affirme le nouveau directeur général de l’Alliance santé Québec, Antoine Groulx.
Mais voilà, la vie a finalement fait en sorte qu'il est devenu médecin de famille. Tout comme son père et son frère d’ailleurs. Bref, être médecin de famille, c’est de famille chez les Groulx. Quant à son plus jeune frère, il occupe un poste dans un organisme communautaire qui appuie les populations vulnérables et les guide vers une meilleure qualité de vie.
«Nous avons visiblement tous des valeurs communes et très ancrées en nous telles que l’équité, et le souci de la santé et de la qualité de vie pour tout être humain, affirme-t-il. Des valeurs fortement transmises par mes parents. Mon père sourit bien aujourd’hui en disant que j’ai finalement suivi ses traces.»
Antoine Groulx est clairement l’un de ces médecins par vocation, passionné et la tête débordant d’idées et de projets multiples.
Il faut notamment l’entendre parler de son projet de «Santé Québec», qu’il dit vouloir réaliser d’ici ses 50 ans. Depuis 2009, un tel système de santé a été mis en place en Alberta et connaît un véritable succès. En gros, il s’agit de décentraliser et de dépolitiser le système de santé pour laisser place à une grande agence qui agit comme seule autorité sanitaire de la province à fournir des soins médicaux. Agissant au nom du ministère de la Santé, celle-ci implique la population et les partenaires dans les décisions. Le slogan fort «The future of health is social» résume bien le changement philosophique et organisationnel important qui a été adopté par le nouveau réseau de la santé albertain au cours des 10 dernières années.
Un nouveau défi: Alliance santé Québec
Agissant dans le milieu de la santé publique depuis près de 20 ans, Antoine Groulx a été nommé récemment directeur général de l’Alliance Santé Québec (AsQ). Il est aussi directeur scientifique désigné de l’Unité de soutien SRAP du Québec – qui est en quelque sorte le pendant provincial de l’AsQ – et professeur de clinique à la Faculté de médecine de l'Université Laval.
L’Alliance santé Québec est composée de centaines de leaders de la recherche et de l’innovation en santé et services sociaux de la grande région de Québec. Depuis sa création en 2013, différents projets liés à la santé durable ont été mis en place. Ceux-ci visent entre autres à accroître la compétitivité des chercheurs dans la grande région de Québec grâce à la mise en commun des données ainsi qu’à la valorisation de la participation citoyenne.
Mais que peut apporter concrètement l’Alliance santé Québec aux citoyens? «L’une des forces marquantes de l’Alliance, c’est qu’elle est composée de représentants issus de divers milieux: cliniciens, personnel de la santé, hommes et femmes d’affaires, et citoyens, explique Antoine Groulx. Ensemble, ils ont pour principal objectif d’apporter des solutions innovantes pour rapprocher la science de la vraie vie dans la communauté. Plus précisément, cela signifie améliorer la santé publique, la santé de chaque citoyen, l’accès aux services, mais aussi et bien sûr, leur qualité de vie et leur environnement». Et comment s’y prend-t-on? «En rendant le savoir plus accessible, et en construisant et en développant avec et pour le citoyen de meilleures pratiques. Bref, en l’impliquant comme jamais dans les processus de participation et de décision», souligne-t-il.
Derrière tout cela s’appuie une stratégie importante: une exploitation et une utilisation meilleures des données du réseau de la santé. «Beaucoup trop de notes et d’informations médicales sont encore prises aujourd’hui de façon manuscrite et déposées dans des dossiers pratiquement inutilisés. Appuyés par notre partenaire Pulsar, nous visons à mettre en place un outil très simple, sous forme de tableau de bord, qui permettra aux cliniciens et aux divers intervenants du milieu de mettre en lumière des portraits individuels et populationnels. Cela deviendra non seulement très aidant pour poser des diagnostics plus personnalisés, mais aussi pour cibler les besoins spécifiques d'un individu ou même d'une population donnée.»
À titre d’exemple, l’outil pourrait servir à découvrir où sont situés, dans la région de Québec, les aînés les plus vulnérables et, par la suite, à proposer des interventions concrètes pour eux. «Conséquemment, cela signifie que la nature des causes et des enjeux pourraient être clairement identifiées: parle-t-on d’enjeux de liens sociaux ou en lien avec la sécurité alimentaire, par exemple? Les portraits qui en ressortiraient pourraient donc servir autant à des cliniciens qu’à des élus ou à des citoyens composant un quartier donné, qui pourraient ensuite se mobiliser pour établir, ensemble, des pistes de solutions visant une meilleure qualité de vie de la communauté», indique le médecin.
Présenté notamment au ministère québécois de la Santé et des Services sociaux, cet outil représentant des portraits individuels et populationnels a été reçu très positivement jusqu’ici.
«Notre système de santé demeure complexe, et il mérite beaucoup qu’on s’y attarde. Il faut le “décomplexifier” et le rendre comme jamais beaucoup plus accessible aux communautés. Dans un monde où les deniers sont limités et où les contribuables n’ont pas des sous à l’infini, il faut donc être capable d’établir ensemble les vraies priorités et surtout ne pas le faire que pour eux, mais avec eux. Bref, si nous le faisons collectivement, les vraies priorités seront déterminées.»
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