De 2019 à 2020, le pourcentage de Québécois affirmant poser des gestes concrets pour le climat est passé de 86% à 90%. Au cours de la même période, le pourcentage est passé de 76% à 78% pour ceux qui aimeraient en faire plus.
Ces statistiques font partie des faits saillants du Baromètre de l’action climatique - Disposition des Québécois et des Québécoises envers les défis climatiques 2020(PDF). Ce rapport annuel a été réalisé par le Laboratoire de l’action climatique. Celui-ci est composé d’une équipe de chercheurs de l’Université Laval spécialisée en communication marketing environnementale, en partenariat avec le média de solutions Unpointcinq. Les données analysées proviennent d’un sondage en ligne de la firme Léger mené en septembre 2020 auprès de 2003 personnes résidant au Québec.
«Tout comme l’enquête de 2019, celle de 2020 met en lumière des paradoxes», souligne Valériane Champagne-Saint-Arnaud, professeure au Département de marketing et responsable du Laboratoire de l’action climatique. Selon elle, les Québécois continuent de méconnaître ces gestes de la vie de tous les jours qui peuvent le plus réduire leurs émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.
«Les gens ont l’impression qu’ils en font beaucoup, par exemple en consommant davantage de produits locaux, en recyclant ou en réduisant le gaspillage alimentaire, poursuit-elle. Or, ce ne sont pas des gestes significatifs du point de vue climatique. Les gestes significatifs consistent notamment à réduire la consommation d’énergie à son domicile, à manger moins de viande et à réduire l’utilisation de l’automobile. Moins de la moitié des répondants de l’échantillon composte, consomme moins de viande et réduit l’usage de la voiture.»
À cette confusion s’ajoute un problème de vocabulaire. Le rapport indique que seulement un répondant sur cinq dit pouvoir expliquer facilement des termes répandus tels que «économie verte» ou «empreinte carbone». Selon la professeure, il y a un grand besoin en matière d’éducation climatique. «Lorsqu’on comprend les gestes que l’on pose et les mots que l’on emploie, affirme-t-elle, cela nous aide à être plus efficace dans nos actions.»
Une surreprésentation de femmes et de 55 ans et plus
Par rapport à 2019, les répondants de 2020 perçoivent le gouvernement du Québec comme plus actif dans la lutte pour le climat avec six points de plus. En ce qui a trait aux entreprises, ils croient que celles qui réalisent des actions concrètes, crédibles et significatives en faveur du climat sont susceptibles d’attirer davantage de clients et de main-d’œuvre.
Les femmes, de même que les répondants de 55 ans et plus, sont surreprésentés dans l’échantillon. «Ces surreprésentations ne nous surprennent pas, soutient Valériane Champagne-Saint-Arnaud. Ces personnes sont les plus susceptibles de privilégier l’altruisme. Or, cette valeur prédispose à l’action environnementale, selon de nombreuses études. Une majorité des répondants au sondage ont placé l’altruisme en tête de leurs valeurs.»
Les répondants forment un continuum composé de six sous-groupes allant des personnes les plus engagées, «les volontaires», à celles les moins engagées en matière d’action climatique, «les indifférents». Les premiers représentent 20% de l’échantillon, les seconds 14%. Les autres profils climatiques définis sont «les optimistes», «les techno-optimistes», «les inquiets» et «les inactifs».
«Les techno-optimistes représentent un groupe émergent en 2020, explique-t-elle. Ces répondants ont espoir que la technologie va aider à résoudre les enjeux climatiques. Ils s’en remettent à elle. La plupart déclarent adopter déjà des gestes concrets. Ils présentent un bilan un peu plus positif que les autres sous-groupes en matière de réduction de l’utilisation de la voiture et de réduction de la consommation d’énergie à la maison.»
Le sous-groupe des inquiets ressent des émotions négatives en plus forte proportion que les autres. On y trouve 59% de femmes, 33% des 18-34 ans et presque la moitié des régions du Québec. Quatre personnes sur cinq se disent très préoccupées par les enjeux environnementaux en général. Elles ressentent la peur (25%) et un grand sentiment d’impuissance (45%). La moitié seulement des inquiets croit en un consensus au Québec sur la nécessité d’agir collectivement contre les changements climatiques.