Le pour et le contre
Durant les années où il a été ministre des Communications et ministre de la Fonction publique du Québec dans les années 1970, Jean-Paul L’Allier a eu comme chef Robert Bourassa, réputé pour sa lenteur à prendre des décisions. «Même si les médias le talonnaient, Bourassa annonçait ses décisions à son entourage à la toute veille de les rendre publiques, a raconté le conférencier. Tant qu’une décision n’est pas annoncée, on peut toujours changer d’idée. Une fois que c’est dit cependant, c’est dit, et on ne peut pas revenir en arrière sans en subir les conséquences. Pour cette raison, celui qui décide a entièrement le droit de prendre son temps, de se documenter sur la question, de peser le pour et le contre, afin de prendre la meilleure décision possible.» Et l’ex-maire de Québec de donner l’exemple d’une décision trop hâtive où le décideur a tiré plus vite que son ombre, en l’occurrence le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Claude Béchard, lorsqu’il a pris la décision de faire fermer les piscines de la Ville de Montréal cet été avant même que le rapport sur les piscines insalubres ne soit examiné. «Au début, on a dit bravo, voilà un politicien qui réagit promptement. Mais après coup, les gens se sont rendu compte que la décision avait été prise trop vite et qu’elle était complètement disproportionnée», a affirmé le conférencier.
Avouant «une certaine impulsivité» qui lui a déjà fait écrire des lettres assez aiguisées aux journalistes de certains médias écrits, sans qu’il les ait cependant toutes envoyées, Jean-Paul L’Allier considère que l’essentiel consiste à bien se connaître soi-même: «Lors des prises de décision, les valeurs que vous avez en tant que personne vont colorer vos décisions. Par exemple, si la protection de l’environnement et la culture sont importantes pour vous, vous saurez que vous ne pourrez jamais aller à l’encontre de ces valeurs.»