Vous venez d'acheter un nouveau téléphone intelligent ou une tablette électronique et vous vous sentez coupable de vous débarrasser de votre vieil appareil? Trois chercheurs de l'Université Laval et de l'INRS vous offrent la chance de verdir votre conscience. En effet, il suffit de leur faire parvenir vos vieux appareils afin qu'ils puissent les utiliser dans leurs travaux visant la mise au point d'une méthode de récupération des métaux contenus dans ces appareils électroniques.
«Plus de 50 millions de tonnes de déchets électroniques sont générées annuellement à travers le monde et ce chiffre augmente rapidement, souligne le responsable du projet, Dominic Larivière, du Département de chimie de l'Université Laval. Ces déchets constituent une source potentielle de métaux de base, de métaux précieux, de métaux stratégiques et d'éléments de terres rares, dont la disponibilité est limitée sur les marchés internationaux.»
Malgré leur précieux contenu, ces appareils sont encore peu valorisés après leur mise au rancart. «À peine 15% à 20% des déchets électroniques sont recyclés, souligne le professeur Larivière. La plupart des appareils sont incinérés, enfouis ou transportés vers des pays en voie de développement, où ils sont traités dans des conditions non sécuritaires pour les humains ou pour l'environnement.»
La valeur des métaux et terres rares dans les déchets électroniques produits annuellement se chiffre à plus de 34 milliards$ CAN, poursuit le chercheur. «Nous voulons mettre au point une filière complète de traitement pour la récupération de l'ensemble des métaux de base, précieux et stratégiques, de même que des éléments de terres rares présents dans les déchets de téléphones portables et de tablettes électroniques.»
Contrairement aux approches actuelles, qui consistent à récupérer les composantes électroniques et à les réutiliser aux mêmes fins, la méthode avancée par les trois chercheurs consiste à broyer les appareils, à les solubiliser, à séparer les éléments et à extraire les métaux et terres rares présents. «Ce que nous proposons équivaut, en quelque sorte, à de l'extraction minière en milieu urbain, résume le professeur Larivière. Au terme du projet, nous espérons avoir en main une méthode industrielle verte et économiquement rentable qui permettra d'extraire les éléments précieux contenus dans les déchets électroniques.» Le Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies vient d'accorder une subvention de 150 000$ à ce projet.
Pour réaliser leurs travaux, Dominic Larivière, son collègue Frédéric-Georges Fontaine, et le professeur Jean-François Blais, du Centre Eau, Terre, Environnement de l'INRS, ont besoin de téléphones et de tablettes qui ne servent plus. Il leur faut environ 40 kg d'appareils, ce qui représente, par exemple, environ 250 téléphones intelligents.
«Dans la mesure du possible, nous demandons aux gens d'effacer les données contenues dans leurs appareils, comme ils le feraient avant de les envoyer à la récupération. Nous allons tout de même les exposer à de puissants aimants. De plus, nous allons les broyer et les solubiliser dans l'acide, ce qui assurera la destruction des données.»
Si vous voulez que vos vieux appareils servent à la mise au point de cette technologie verte, écrivez à projet.DE@chm.ulaval.ca.