
Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont eu recours aux données se rapportant aux 2 417 Québécois suivis entre 1994 et 2011 par l'Enquête nationale sur la santé de la population de Statistique Canada. «Ces données permettent d'établir l'indice de masse corporelle (IMC) de chaque répondant, son utilisation de différents services de santé ainsi que les semaines de travail perdues en raison de problèmes de santé», explique Chantal Blouin, première auteure de l'étude, chercheuse à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et professeure associée au Département de médecine sociale et préventive de l'Université Laval.
Les chercheurs ont réparti les répondants en trois catégories sur la base de leur IMC: poids normal (IMC inférieur à 25), embonpoint (IMC entre 25 et 30) et obésité (IMC supérieur à 30). Ils ont ensuite eu recours à une base de données sur les dépenses nationales en santé pour traduire en chiffres la valeur des services de santé utilisés par les répondants de chaque catégorie afin de quantifier les coûts supplémentaires engendrés par ces formes de surpoids. Enfin, ils ont extrapolé ces montants à l'ensemble du Québec en tenant compte de la répartition de la population dans les trois catégories d'IMC.
Leurs analyses révèlent que l'embonpoint et l'obésité entraînent chaque année des coûts supplémentaires de l'ordre de 1,4 milliard de dollars en frais d'hospitalisation, de 860 millions de dollars en médicaments et de 110 millions de dollars en visites médicales. À ces coûts directs totalisant 2,3 milliards de dollars s'ajoutent des coûts indirects de 630 millions de dollars attribuables aux congés de maladie d'au moins une semaine, pour un total de 2,9 milliards de dollars.
«Ce montant est probablement plus élevé aujourd'hui parce que la prévalence du surpoids a continué d'augmenter chez les adultes du Québec, souligne Chantal Blouin. Il faut aussi signaler que notre estimation n'inclut pas les coûts directs liés à la consultation de professionnels de la santé autres que les médecins, ni les coûts indirects attribuables à l'absentéisme de courte durée ou à la mortalité prématurée.»
L'estimation du fardeau économique de l'embonpoint et de l'obésité à laquelle arrivent les chercheurs représente environ 10% de l'enveloppe que le gouvernement du Québec consacre à la santé. «Notre étude met en lumière les coûts élevés de l'épidémie de surpoids au Québec, souligne Chantal Blouin. Elle suggère aussi qu'il suffirait que les programmes de prévention abaissent de quelques points de pourcentage la prévalence du surpoids dans la population pour en rentabiliser le coût.»
L'étude a été réalisée par Chantal Blouin, Denis Hamel, Nathalie Vandal, Ernest Lo, Johanne Laguë et Sylvie Martel, de l'INSPQ, Guy Lacroix, du Département d'économique de l'Université Laval, Louis Pérusse, du Département de kinésiologie de l'Université Laval, Amadou Diogo Barry, de l'UQAM, Marie-France Langlois, de l'Université de Sherbrooke, et Pierre-Carl Michaud, des HEC.