
Sentinelle Nord vise à générer le savoir nécessaire pour suivre et se préparer à la transformation des milieux nordiques à diverses échelles, du microbiote aux écosystèmes.
— Sharif Mirshak / Parafilms
Rappelons que l'été dernier, l'Université Laval a décroché la plus importante subvention de son histoire pour son projet Sentinelle Nord. Cette somme provient du Fonds d'excellence en recherche Apogée Canada, lancé par le gouvernement fédéral à l'automne 2014 pour soutenir l'excellence en recherche. «Ce programme a été annoncé en décembre et la date limite pour soumettre une proposition complète était le 4 mars 2015, rappelle Yves De Koninck. Comme il fallait faire très vite, Sophie D'Amours, qui était alors vice-rectrice à la recherche et à la création, a réuni quelques chercheurs dont le leadership était reconnu, notamment parce qu'ils étaient titulaires ou parrains de chaires d'excellence en recherche du Canada. Après quelques réunions, nous nous sommes lancés dans un marathon d'écriture et nous sommes arrivés à un concept qui mettait à contribution les grandes forces de l'Université – la recherche nordique, l'optique-photonique, la neurophotonique et la santé cardiométabolique, en particulier sous l'angle de la nutrition et du microbiote. À première vue, ça peut sembler hétéroclite, mais en regroupant ces forces sous la thématique santé et environnement dans le contexte des changements climatiques dans le Nord, nous étions convaincus d'avoir un projet hors de l'ordinaire qui se tenait.»
Le comité international d'experts formé par Apogée Canada pour évaluer les demandes leur a donné raison puisqu'il a accordé 98 M$ à l'Université Laval. «Il est important de comprendre qu'il s'agit d'argent neuf investi par le fédéral en recherche, insiste le professeur De Koninck. Les montants alloués par Apogée Canada n'affectent pas les budgets des programmes réguliers gérés par les organismes subventionnaires fédéraux.» D'ici 2023, la subvention obtenue par l'Université sera consacrée à 70% à des projets structurants, comme la création de chaires internationales, de postes de professeurs, de programmes de bourses et de formation transdisciplinaire. L'autre 30% servira à financer des projets de recherche présentés par les chercheurs de l'Université Laval. Le premier appel à projets dispose d'une enveloppe de 15 M$; le reste sera attribué au cours d'appels à projets subséquents.
Sentinelle Nord vise à générer le savoir nécessaire pour suivre et se préparer à la transformation des milieux nordiques à diverses échelles, du microbiote aux écosystèmes. Elle se propose d'y arriver en développant les meilleures technologies et les stratégies d'intervention les mieux adaptées pour assurer la santé et le développement durable des populations du Nord. Sentinelle Nord repose sur quatre grandes thématiques: 1) décoder les interrelations entre systèmes complexes du Nord, 2) la lumière comme moteur, environnement et vecteur d'information dans les milieux naturels et la santé, 3) les microbiomes: sentinelles de l'environnement et de la santé dans le Nord et 4) les innovations technologiques: le Nord face au changement.
Au cours des derniers mois, les responsables de Sentinelle Nord se sont penchés sur la meilleure façon de partager les fonds qui iront aux projets émanant de la communauté universitaire. «Nous voulions éviter de financer une constellation de projets disparates et isolés, explique Marcel Babin. La mécanique que nous avons adoptée s'inscrit donc dans la philosophie de concertation et de collaboration transdisciplinaire de Sentinelle Nord.»
Les étapes de l'appel à projets seront présentées dans les séances d'information, mais une première date importante doit être immédiatement notée: les lettres d'intention doivent être soumises d'ici le 11 mai 2016. «Un comité indépendant formé d'experts internationaux fera l'évaluation des propositions, souligne le professeur Babin. Ce sera la principale étape éliminatoire de tout le processus. Par la suite, les projets retenus seront regroupés et les chercheurs qui en sont responsables devront développer des propositions de chantiers thématiques correspondant aux quatre grands thèmes de Sentinelle Nord. Nous prévoyons que les quatre grands chantiers pourront démarrer en octobre 2016.»
«En 2014, nous avons développé une vision, un concept, rappelle Marcel Babin. Aujourd'hui, nous faisons appel à tous les chercheurs de l'Université et à leurs partenaires pour qu'ils proposent leurs idées sur la réalisation de Sentinelle Nord. C'est le moment pour eux de nous dire comment ils peuvent participer à l'atteinte des objectifs du programme. Comme équipe de direction, notre rôle est de soutenir le développement articulé et cohérent de bons projets portés par de bonnes équipes concertées.» Aucune limite n'a été fixée quant au nombre d'équipes qui peuvent soumettre une lettre d'intention. «Nous souhaitons la plus large participation possible de façon à ce que toutes les forces de l'Université Laval, dans tous les secteurs pertinents, soient mises à contribution», ajoute Yves De Koninck.