Gale West et ses collègues albertaines Yanning Peng et Cindy Wang ont recueilli les réactions de 800 personnes vivant en Alberta et en Colombie britannique au sujet de sept produits laitiers auxquels seraient ajoutés des acides linoléiques conjugués (ALC). Ces molécules, naturellement présentes dans le lait mais en faible concentration, combattraient le cancer, l'artériosclérose, le diabète et même l'obésité, chose assez incongrue pour un acide gras.
Des produits laitiers additionnés d’ALC plairaient-ils aux consommateurs de l’Ouest? Oui, mais à certaines conditions. Les répondants ont déclaré être disposés à payer une prime de 0,39 $ le litre pour du lait enrichi en ALC, mais ils ne veulent pas pour autant acheter du lait plus gras que celui qu’ils consomment déjà. «Ajouter des ALC dans le lait sans augmenter sa teneur en gras est assez problématique», commente la professeure West. L’intérêt des consommateurs est plus manifeste pour les fromages et le beurre additionnés d’ALC. «L’acceptabilité des aliments fonctionnels semble plus grande lorsqu’il s’agit de produits perçus comme étant moins sains au départ», observe la chercheuse.
Trois groupes, dans trois pays
Le professeur Maurice Doyon et une équipe internationale ont sondé 611 étudiants inscrits dans des programmes universitaires de commerce au Québec, aux États-Unis et en France, pour connaître leurs perceptions à l’égard des aliments fonctionnels. Les trois groupes se distinguent quant à leur connaissance de ces produits: à peine 11 % des étudiants français étaient au fait de leur existence contre 46 % au Québec et 57 % aux États-Unis. Les étudiants français étaient également plus sceptiques face aux assertions santé concernant ces produits. Point positif, la connaissance des produits a un impact favorable sur leur acceptabilité, observent les chercheurs qui suggèrent de prioriser la crédibilité plutôt que la quantité de l’information pour séduire les jeunes consommateurs. Les petites différences culturelles dans l’attitude et les croyances par rapport à ces produits suggèrent que l’approche «penser globalement, agir localement» s’applique bien au marché des aliments fonctionnels, concluent-ils.
Conscient de l’importance de prendre régulièrement le pouls des consommateurs, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a demandé à Gale West de définir les grandes lignes d’un «Baromètre sur les perceptions des Québécois en matière d'alimentation et d'activité bioalimentaire». Déjà utilisé en Europe, ce genre d’outil permet de suivre l’évolution des perceptions, des croyances et des comportements des consommateurs. La professeure West apporte présentement les dernières retouches à ce travail entrepris en juillet dernier. Le MAPAQ pourra puiser périodiquement dans la banque de questions qu’elle a constituée pour sonder les coeurs et les estomacs des Québécois.