20 janvier 2021
Retour au travail après la COVID-19: des tests de dépistage superflus
Chez les travailleurs de la santé qui ne présentent plus de symptômes d'infection au SARS-CoV-2, la contagiosité du virus est pratiquement nulle 14 jours après les premiers signes de la maladie
S'il s'est écoulé au moins 14 jours depuis l'apparition des premiers symptômes de COVID-19 et qu'aucun symptôme important ne subsiste, le risque qu'un travailleur de la santé soit toujours contagieux est pratiquement nul. C'est ce que démontre une étude publiée dans la revue Infection Control & Hospital Epidemiology par une équipe interuniversitaire de chercheurs québécois.
Il y aurait toutefois de rares exceptions à cette règle, mais l'application rigoureuse des mesures de protection contre la COVID-19 fait en sorte que le risque de transmission posé par ces travailleurs demeure très faible. Cette conclusion vaudrait aussi pour des milieux de travail autres que le réseau de la santé, estime l'un des auteurs de l'étude, Guy Boivin, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Au moment de l'étude, en mai dernier, les travailleurs du réseau de la santé du Québec qui avaient contracté la COVID-19 pouvaient réintégrer leurs fonctions si au moins 14 jours s'étaient écoulés depuis l'apparition des premiers signes d'infection, si les symptômes, hormis une toux résiduelle et la perte d'odorat, étaient disparus et s'ils avaient obtenu un résultat négatif à deux tests consécutifs de dépistage par PCR du SARS-CoV-2.
«Les mesures qui reposent sur les symptômes et sur le dépistage par PCR du virus sont des marqueurs indirects de contagiosité, souligne Guy Boivin. Pour savoir si une personne qui a été infectée par la COVID-19 est toujours contagieuse, il faut déterminer si le virus continue de se répliquer en faisant la culture de prélèvements nosopharyngés en laboratoire. Comme ce test exige du temps et qu'il doit être réalisé dans un laboratoire de confinement de niveau 3, il ne peut être utilisé à grande échelle. Pour ces raisons, on a recours aux symptômes d'infection et au dépistage par PCR. Ce dernier test, qui détecte la présence de matériel génétique du SARS-CoV-2, sera positif même si le virus est mort ou inactif.»
Afin de déterminer si le délai de 14 jours était sécuritaire, les chercheurs ont étudié 118 travailleurs de la santé de trois hôpitaux universitaires québécois qui avaient reçu un diagnostic de COVID-19 et qui, après un retrait d'environ deux semaines, ne présentaient plus de symptômes. Les tests de dépistage par PCR réalisés à partir de prélèvements nosopharyngés se sont révélés positifs dans 71% des cas. Par contre, 117 des 118 tests de culture en laboratoire étaient négatifs. «Cela signifie que même si le matériel génétique du virus était détectable, les sujets n'étaient plus contagieux», résume le professeur Boivin.
La seule exception concerne une préposée aux bénéficiaires qui était toujours contagieuse 51 jours après l'apparition des premiers symptômes. Au moment du prélèvement, elle n'avait plus de symptômes sinon une toux résiduelle. Les chercheurs n'ont relevé aucun facteur de risque qui aurait pu expliquer pourquoi cette personne était restée infectieuse tout ce temps. «La raison la plus probable est que son système immunitaire était affaibli et qu'il ne parvenait pas à éliminer le virus», avance Guy Boivin.
Dès que les analyses préliminaires ont été terminées, les chercheurs ont transmis leurs constats aux responsables de la santé publique du Québec. Sur la base de ces travaux et d'autres études, les tests de dépistage par PCR ne sont plus exigés pour les travailleurs de la santé depuis la mi-juin 2020. «En éliminant ce critère, on permet à des travailleurs qui ne sont plus contagieux de reprendre le travail. Il y a de rares exceptions où une personne asymptomatique demeure contagieuse après 14 jours. On estime toutefois que ce risque est très faible et qu'il en vaut la peine compte tenu du fait que le réseau de la santé a besoin de tous les travailleurs disponibles», analyse Guy Boivin.
Les autres chercheurs de l'Université Laval associés à l'étude parue dans Infection Control & Hospital Epidemiology sont Mariana Baz et Gaston De Serres. Le premier auteur est Yves Longtin et les autres signataires sont Hugues Charest, Caroline Quach, Patrice Savard, Judith Fafard, Jasmin Villeneuve et Michel Roger.