L’essai clinique REMAP-CAP, qui teste les effets du plasma de convalescents chez les patients modérément et gravement atteints de la COVID-19, a interrompu le recrutement des patients gravement malades de la COVID-19 nécessitant une prise en charge dans une unité de soins intensifs. Cet essai clinique sur le plasma de convalescents, effectué dans la plateforme d’essais cliniques REMAP-CAP, est mené au Canada par Alexis Turgeon, professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et intensiviste au CHU de Québec – Université Laval, et Ryan Zarychanski de l’Université du Manitoba avec la collaboration de chercheurs de l’Université de Toronto.
Cette décision de suspendre le recrutement est fondée sur une analyse initiale des résultats chez les patients gravement malades de la COVID-19 nécessitant une admission à l’unité des soins intensifs. Cette analyse a montré que le plasma de convalescents n’améliorait pas l’issue clinique chez ces patients. Aucun préjudice associé à l’administration de plasma de convalescents n’a toutefois été observé. L’essai clinique se poursuit chez les patients hospitalisés atteints de COVID-19 qui sont modérément malades et qui ne nécessitent pas d’assistance respiratoire mécanique dans l’unité de soins intensifs.
«Nous n’avons pas observé d’effet du plasma de convalescents chez les patients gravement malades de la COVID-19, c’est-à-dire ceux admis à l’unité des soins intensifs ayant une maladie plus grave et ayant donc un risque élevé de décès», a mentionné le professeur Turgeon. «Chez ces patients sous assistance respiratoire mécanique, la moitié ont reçu du plasma de convalescents durant leur séjour à l’unité des soins intensifs, alors que l’autre moitié n’en a pas reçu, et ce, de façon aléatoire. Ces résultats préliminaires soulignent l’importance d’étudier de façon appropriée les interventions prometteuses visant à traiter les patients atteints de la COVID-19 dans des essais cliniques multicentriques d’envergure comme REMAP-CAP avant de les utiliser comme standard de soins, malgré la tentation de le faire en raison de l’énorme fardeau de la pandémie sur nos populations et nos systèmes de santé», a-t-il ajouté.
Cette analyse préliminaire, effectuée par le comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité de cet essai clinique, a été menée sur 912 patients gravement malades pour lesquels les données sur les issues cliniques étaient disponibles. L’analyse a montré que le plasma de convalescents était peu susceptible d’être bénéfique.
Le bénéfice du plasma de convalescents chez les patients modérément malades n’a pas été examiné dans cette analyse. La question de savoir si l’utilisation de plasma de convalescents est bénéfique chez ces patients hospitalisés atteints d’une maladie moins grave demeure très importante et le recrutement de ces patients se poursuivra dans l’essai clinique.
«Étant donné que nous ignorons toujours l’effet du plasma de convalescents chez les patients hospitalisés modérément malades de la COVID-19, c’est-à-dire ceux requérant de l’oxygène, mais n’étant pas sous assistance respiratoire mécanique, nous continuons le recrutement dans l’essai clinique pour ce groupe de patients suivant les recommandations du comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité de l’essai clinique», a dit Ryan Zarychanski, professeur agrégé de médecine Lyons G Israels à l’Université du Manitoba et médecin spécialiste en soins intensifs. «Il est possible que les patients moins gravement atteints par la COVID-19 qui seront traités plus précocement puissent bénéficier du plasma de convalescents. L’essai clinique se continuera donc jusqu’à ce que nous ayons une réponse dans cette population», a ajouté le chercheur.
Le plasma de convalescents, un composant sanguin contenant des anticorps contre le virus SARS-CoV-2, est obtenu auprès de personnes qui se sont rétablies de la COVID-19. L’hypothèse sous-jacente est que ces anticorps neutralisent le virus, empêchent la réplication ultérieure et arrêtent les lésions tissulaires en cours.