
Le maquereau est l'une des espèces de petits poissons qu'il faudrait davantage consommer parce qu'il contient beaucoup d'oméga-3 et peu de mercure.
Lors d'une tournée des 14 villages du Nunavik effectuée en 2004 à bord du navire-laboratoire Amundsen, les chercheurs ont récolté des données auprès de 732 Inuits qui ne prenaient pas de médicaments contre l'hypertension. Les analyses de sang ont révélé que le taux moyen de mercure atteint 50 nmol/l chez ces sujets, soit 13 fois plus que chez les résidants du sud du Québec. Les chercheurs ont établi qu'il existait une relation directe entre le taux de mercure et la pression sanguine: pour chaque hausse de 10 % du taux de mercure sanguin, la pression sanguine augmentait de 0,2 unité. Même si des études ont déjà suggéré que les oméga-3 et le sélénium avaient un effet protecteur contre la hausse de la pression sanguine, leur abondance dans le régime traditionnel inuit ne suffirait pas à oblitérer l'effet du mercure.
Le professeur Dewailly convient qu'au plan individuel, le mercure ne pèse pas lourd comparé aux autres facteurs de risques de l'hypertension. «Par contre, à l'échelle d'une population, c'est une variable de plus qu'il faut maintenant considérer lorsqu'on étudie la pression sanguine, d'autant plus que sa concentration ne va pas en diminuant dans l'environnement. L'hypertension n'est pas un problème grave au Nunavik, mais les particularités de cette population offraient un cadre qui nous a permis de quantifier l'effet du mercure sur la pression sanguine.»
À la lumière des résultats de cette étude, Éric Dewailly y va d'une recommandation alimentaire qui s'adresse à tous. «Le poisson apporte de grands bienfaits pour la santé, mais il faut éviter de consommer régulièrement des espèces situées au haut de la chaîne alimentaire (espadon, marlin, thon rouge, requin, etc.), qui contiennent des taux élevés de mercure et de faibles taux d'oméga-3. Mieux vaut manger des petits poissons situés au bas de la chaîne alimentaire (maquereau, hareng, capelan, anchois et sardines). Ils contiennent moins de mercure, plus d'oméga-3 et ils sont plus abondants dans les mers.» Ce plaidoyer pour le fretin est devenu son hippocampe de bataille depuis quelques mois. Plus tôt cette année, il exposait les grandes lignes de sa position dans les pages du PUFA Newsletter. Il est revenu à la charge dans une lettre à l'éditeur publiée dans la revue Science le 2 octobre.