
En mesurant le niveau du biomarqueur DYNLL1 dans les cellules cancéreuses d'une patiente, les chercheurs peuvent déterminer les chances de succès d'une thérapie reposant sur les inhibiteurs de la PARP. «On peut ainsi lui épargner des semaines de traitements inutiles», souligne Jean-Yves Masson.
— National Cancer Institute
Les traitements en question font appel à des inhibiteurs de la PARP, une protéine qui répare les lésions de l'ADN. «Entre 20 et 50% des patientes qui reçoivent ces traitements répondent bien au début, mais chez certaines, l'efficacité diminue par la suite. Une forme de résistance aux inhibiteurs de la PARP apparaît», résume Jean-Yves Masson, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval.
Ces traitements sont administrés à des femmes qui ont une mutation héréditaire dans BRCA1, un gène qui code pour une autre protéine réparatrice des lésions de l'ADN. Ces patientes représentent environ 7% des femmes atteintes de cancer du sein et 18% de celles souffrant d'un cancer de l'ovaire. «En leur donnant un inhibiteur de la PARP, nous bloquons une deuxième voie de réparation de l'ADN, explique le chercheur. Les lésions induites dans l'ADN par les traitements chimiothérapeutiques ne sont plus réparées de sorte qu'elles s'accumulent, ce qui conduit à la mort des cellules cancéreuses. Trois inhibiteurs de la PARP ont été approuvés par la Food and Drug Administration depuis 2014 et cette thérapie est maintenant utilisée pour traiter des patientes au CHU de Québec – Université Laval.»
Dans l'étude publiée par Nature, les chercheurs décrivent le rôle d'une petite protéine, la DYNLL1, dans l'apparition de la résistance aux inhibiteurs de la PARP1. «Lorsque le niveau de la DYNLL1 est trop bas, une voie de réparation de l'ADN est restaurée et les cellules cancéreuses survivent et se multiplient au lieu de mourir», résume le professeur Masson.
Les implications cliniques de cette découverte? «Dans l'immédiat, en mesurant le niveau de DYNLL1 dans les cellules d'une patiente, on peut déterminer les chances de succès d'une thérapie reposant sur les inhibiteurs de la PARP, souligne le chercheur. On peut ainsi lui épargner des semaines de traitements inutiles. À moyen terme, nous espérons trouver un moyen d'activer l'expression de la DYNLL1 dans les cellules cancéreuses des patientes afin d'optimiser l'efficacité de ces traitements.»
L'étude parue dans Nature a été dirigée par Dipanjan Chowdhury, de l'Université Harvard. Marie-Christine Caron, Daryl A. Ronato et Jean-Yves Masson, de la Faculté de médecine et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, comptent parmi les signataires.