Chaque jour, les algorithmes rythment nos activités en ligne. Ils déterminent quelles publications on voit dans nos réseaux sociaux, quels résultats apparaissent dans un moteur de recherche, quels messages publicitaires sont affichés sur une page Web. En revanche, nous en savons très peu sur eux.
«Avec l’essor de l’intelligence artificielle, il y a de plus en plus d’algorithmes autour de nous. Nous sommes rendus à un point où tout le monde a intérêt à comprendre leur fonctionnement.» Cet avis est celui d’Audrey Durand, professeure au Département d’informatique et de génie logiciel et au Département de génie électrique et de génie informatique de l'Université Laval. Titulaire d’une chaire CIFAR en intelligence artificielle, elle est membre de l’Institut intelligence et données et chercheuse affilée au Mila, l’Institut québécois d’intelligence artificielle.
Le 17 février, au Centre des congrès de Québec, elle a animé un atelier au Forum RIDEAU. Cet événement est organisé en marge d’un congrès du même nom, qui attire chaque année des centaines de professionnels en arts de la scène. Producteurs, diffuseurs et agents viennent y découvrir des artistes prometteurs et discuter d’enjeux touchant l’industrie culturelle.
La conférence de la professeure Durand a permis à l’auditoire de comprendre les notions de base en matière de fabrication d’algorithmes. Il a été question notamment des algorithmes de recommandation. Des sites de commerce en ligne utilisent cette stratégie pour présenter aux utilisateurs des suggestions de produits qui pourraient les intéresser. Les services de streaming vidéo et musical et les réseaux sociaux y ont aussi massivement recours. «Cette technologie est appelée à se déployer davantage, prévoit Audrey Durand. D’ailleurs, des compagnies comme Netflix, Spotify, Google et Amazon investissent énormément en recherches pour améliorer leur recommandation de contenu.»
Ces algorithmes ont une chose en commun: ils font appel à un grand nombre de données fournies par l’utilisateur. Très souvent à son insu. «Le fait de laisser un engin utiliser nos données personnelles pour faire de la recommandation de contenu personnalisé implique qu’un algorithme filtre le contenu à notre place et nous agglomère à un bassin d’utilisateurs qui nous ressemble. Ainsi, il se peut qu’il y ait du contenu qu’on ne voie plus. Ça fait partie du jeu», rappelle la chercheuse.
Alors que les nouvelles technologies du genre se développent à un rythme effréné, faut-il s’inquiéter de l’avenir? Oui et non. «Lorsqu’il est question d’algorithmes et d’intelligence artificielle, les gens ont peur de voir surgir un Terminator, mais parallèlement, se posent très peu de questions sur la quantité de données personnelles qu’ils fournissent à des compagnies. La peur n’est pas dirigée au bon endroit. De plus en plus, un travail de vulgarisation est fait auprès du grand public pour expliquer ces notions, mais il y a encore du chemin à faire», conclut Audrey Durand, habituée de donner des conférences sur le sujet.
Ce n’est pas la première fois qu’un membre de la communauté universitaire participe à un événement de RIDEAU. En 2015, des étudiants en musique avaient accueilli des gens de l’industrie au Pantoum, une salle de spectacle qu’ils ont créée. Plus d’information dans cet article.