Vous avez mal au genou depuis plusieurs mois? La persistance de cette douleur pourrait provenir de la faiblesse de certains muscles de la hanche. C'est ce que suggère une étude publiée par des chercheurs de Belgique et du Québec dans la revue Physical Therapy in Sport. Les travaux menés par cette équipe ont révélé que les muscles abducteurs de la hanche de personnes qui souffrent plus souvent et plus intensément du syndrome fémoro-patellaire sont moins forts et moins endurants que ceux de personnes chez qui les symptômes de ce syndrome sont moins prononcés.
Pour faire cette démonstration, les chercheurs ont fait appel à 60 sujets souffrant du syndrome fémoro-patellaire depuis plus de deux ans en moyenne. «Ce syndrome se caractérise par une douleur diffuse autour ou derrière la patella, communément appelée rotule. La douleur s'accroît lors de mouvements sollicitant l'articulation fémoro-patellaire, par exemple en courant, en sautant ou en descendant un escalier. C'est le problème de genou le plus fréquent chez les adolescents et chez les jeunes adultes», précise l'un des auteurs de l'étude, Jean-Sébastien Roy, professeur au Département de réadaptation de l'Université Laval et chercheur au Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale.
Les chercheurs ont soumis les 60 sujets à une série de tests visant à mesurer la force, l'endurance isométrique et l'endurance dynamique des abducteurs de la hanche (qui éloignent la jambe du plan médian du corps). Les participants devaient aussi répondre à des questions portant sur la fréquence et l'intensité de leurs maux de genou.
Les résultats ont révélé que les abducteurs de la hanche des participants:
- chez qui les douleurs étaient plus fréquentes avaient 10% moins de force, 17% moins d'endurance isométrique et 13% moins d'endurance dynamique;
- chez qui les douleurs étaient plus intenses avaient 16% moins de force, 24% moins d'endurance isométrique et 23% moins d'endurance dynamique.
Cette faiblesse n'est probablement pas à l'origine du problème, mais elle pourrait contribuer à l'intensité de la douleur et à son maintien dans le temps, avance le professeur Roy. «La cause initiale du syndrome fémoro-patellaire est souvent un surentraînement, en particulier chez les coureurs qui augmentent trop rapidement le volume ou l'intensité de leurs séances. Une fois cette douleur installée, certaines personnes modifient leur façon de bouger pour protéger leur genou. Le résultat est qu'elles n'utilisent pas leurs muscles correctement et qu'une faiblesse peut apparaître avec le temps.»
La solution? «D'abord, il faut renforcer non seulement les abducteurs de la hanche, mais tous les fessiers parce que ce sont eux qui contrôlent les mouvements du fémur et, conséquemment, qui influencent les contacts entre le fémur et la rotule. Il faut aussi réapprendre aux patients à faire correctement les mouvements. Enfin, il faut les éduquer sur l'origine du problème, les erreurs d'entraînement à éviter et la gestion de la douleur», suggère Jean-Sébastien Roy.
Les auteurs de l'étude parue dans Physical Therapy in Sport sont Joachim Van Cant, de l'Université libre de Bruxelles, Philippe Declève, de l'Institut Parnasse-ISEI, et Anne Garnier et Jean-Sébastien Roy, de l'Université Laval.