
Dirigé par le professeur Alain Olivier, du Département de phytologie, dans le cadre des travaux de la Chaire multifacultaire de recherche et d’intervention sur la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, ce projet vise la mise en place d’un réseau de parcelles de démonstration alliant cultures agricoles et arbres dans la MRC du Rocher-Percé. Des essences nobles - le pin blanc, le chêne rouge, le frêne rouge et l’orme d’Amérique- sont plantées en haies en bordure des terres ou en rangs dans les champs de céréales de façon à prévenir l’érosion des sols, agrémenter le paysage et, éventuellement, générer des revenus supplémentaires pour les producteurs. Ces arbres sont relativement espacés – on en compte environ 110 par hectare – de façon à préserver l’espace consacré aux cultures.
L’équipe de la Chaire a entrepris de tester la faisabilité technique et la rentabilité économique de tels systèmes agroforestiers. D’ailleurs, deux personnes associées au projet, Christian Besnier et Marjolaine Bernier-Leduc, ont mis au point un outil de modélisation économique pour prévoir le rendement de ces systèmes en fonction de divers scénarios de croissance des arbres et de valeur du bois. Le rendement de ce système serait présentement de 3,5%, en supposant que le producteur emprunte à un taux de 5,7 % pour financer l’opération. «Le problème est que la presque totalité des dépenses survient au début du projet mais que les revenus ne se concrétisent que 30 à 40 ans plus tard lorsqu’on commence à couper le bois», expliquent-ils. Leur estimation suppose aussi que le producteur ne reçoit aucune subvention gouvernementale. «Il existe des programmes d’aide pour la plantation de résineux, alors pourquoi ne pourrait-il pas y en avoir pour les essences nobles?», demande Bertrand Anel.
En 2006, 9 producteurs agricoles de la MRC du Rocher-Percé – qui en compte 32 au total - ont pris part à l’expérience. Cet été, quatre ou cinq nouveaux systèmes agroforestiers seront implantés. «Le projet se déroule dans un esprit collaboratif, souligne Bertrand Anel. Au départ, certains producteurs disaient que ça ne fonctionnerait jamais et qu’il vaudrait mieux qu’on leur donne l’argent directement. Maintenant, ils viennent nous voir pour nous proposer eux-mêmes des projets. L’intérêt est clairement à la hausse.»