Isabelle Riedl, Mayumi Yoshioka, Yuichiro Nishida, Takuro Tobina, René Paradis et Jonny St-Amand, du Centre de recherche du CHUQ, et leurs collaborateurs de l'Université de Fukuoka, Naoko Shono et Hiroaki Tanaka, ont soumis 7 personnes, dont l'âge moyen était de 64 ans, à un programme d'entraînement aérobique de six semaines. Les participants, tous en bonne santé et sans excès de poids, devaient effectuer 5 séances de 60 minutes par semaine sur bicyclette stationnaire. «Leur entraînement pouvait être qualifié de modéré», commente le responsable de l'étude, Jonny St-Amand.
Au terme du programme, les participants avaient abaissé leur taux de graisses corporelles (de 17 à 15 %) et leur taux de glucose à jeun (de 106 à 98 mg/dl), tout en augmentant leur capacité aérobique et leur taux de bon cholestérol de 8 %. De plus, les biopsies d'un muscle de la cuisse montrent une augmentation des fibres à contraction lente par rapport aux fibres à contraction rapide ainsi qu'une modification de l'expression de 12 gènes, dont certains sont impliqués dans les processus énergétiques cellulaires. «Ces changements peuvent contribuer à l'amélioration du métabolisme du glucose et des lipides ainsi qu'à la capacité aérobique des sujets», expliquent les chercheurs dans un article qu'ils signent dans la revue Experimental Gerontology.
Jamais trop tard
Les muscles jouent un rôle central dans les manifestations du vieillissement. La perte de masse musculaire qui survient avec l'âge peut se répercuter sur la pratique de l'activité physique et conséquemment sur l'adiposité, avec les conséquences fâcheuses qui y sont associées, nommément la résistance à l'insuline, le diabète et les problèmes cardiovasculaires. «Nos résultats sont encourageants parce qu'ils montrent qu'il y a une réponse des gènes à l’entraînement chez les personnes âgées, souligne le professeur St-Amand. Il n’est jamais trop tard pour incorporer l’activité physique à son quotidien et ainsi bénéficier des adaptations à l’entraînement.»
Dans une étude antérieure, les chercheurs avaient toutefois découvert que le même programme d'entraînement produisait des effets beaucoup plus spectaculaires chez de jeunes sujets. Dans leur cas, le nombre de gènes dont l'expression était modifiée dépassait 400. «Il semble que les personnes âgées soient plus résistantes aux effets de l’entraînement physique, suggère le chercheur. La différence peut aussi provenir du degré d’activité physique pratiquée initialement par les sujets. Il est important de garder en tête qu’un petit changement dans l’expression d’un gène, particulièrement s’il est régulateur de plusieurs gènes impliqués dans de nombreux sentiers métaboliques, peut avoir d’importantes répercussions sur le plan protéique et fonctionnel et ainsi contribuer à prévenir les maladies cardiovasculaires, en particulier chez les personnes âgées.»
L'âge n’est pas un obstacle à la pratique de l’activité physique, poursuit le chercheur. «Toutes les personnes âgées, même celles qui sont qualifiées de frêles ou qui souffrent d’une limitation fonctionnelle, peuvent s’adonner à l’activité physique. Idéalement, leur programme d'entraînement devrait être élaboré par un kinésiologue.» Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'est pas nécessaire de se décarcasser pour retirer des bienfaits de l'activité physique. «L’intensité la plus bénéfique pour la santé semble être celle que les Japonais appellent “Niko, Niko”, celle qui nous permet de garder le sourire. Cette intensité permet de dépenser de l’énergie et de brûler des graisses pendant une longue période et ainsi produire des effets sur l’obésité, les concentrations de cholestérol sanguin, la pression artérielle et les maladies cardiovasculaires. Elle est sécuritaire même pour les individus atteints de maladies coronariennes, d’hypertension et d’obésité.»