Pour faire cette démonstration, les chercheurs Carl Julien, Cyntia Tremblay, Alix Phivilay, Line Berthiaume, Vincent Émond, Pierre Julien et Frédéric Calon ont utilisé une lignée de souris transgéniques qui manifestent deux symptômes observés chez les personnes souffrant d’alzheimer. Ces souris produisent des protéines bêta-amyloïdes, associées à la formation des plaques séniles dans le cerveau des personnes atteintes d’alzheimer, et des protéines tau, qui altèrent les microtubules des neurones, produisant un enchevêtrement qui rend ces cellules non fonctionnelles.
Les chercheurs ont soumis ces souris transgéniques et des souris normales à différents régimes alimentaires pendant neuf mois et, au terme de l’expérience, ils en ont comparé les effets respectifs sur le cerveau des animaux. Les souris dont l’alimentation était pauvre en oméga-3 et riche en gras (60 % des calories consommées) affichaient des concentrations de protéines bêta-amyloïdes et de protéines tau respectivement 8,7 fois et 1,5 fois plus élevées que les souris du groupe témoin, dont la moulée contenait sept fois moins de gras. Le régime riche en gras a aussi provoqué une baisse de la protéine drébrine dans le cerveau, un autre phénomène associé à l’alzheimer. «Un faible apport en oméga-3 et surtout une forte proportion de calories consommées sous forme de graisses influencent l’évolution de ces trois marqueurs de l’alzheimer dans le cerveau des souris», résument les chercheurs. Les changements métaboliques induits par pareille alimentation affecteraient la réponse inflammatoire dans le cerveau, avancent-ils pour expliquer le lien entre la consommation de gras et l’alzheimer.
Dans la plupart des pays occidentaux, les régimes riches en gras saturés et pauvres en oméga-3 sont la norme. «Nos résultats nous portent à croire qu’une alimentation contenant plus d’oméga-3 et moins de gras saturés pourrait prévenir le développement de l’alzheimer, à tout le moins chez les gens qui ont des prédispositions génétiques à cette maladie, commente Frédéric Calon. Nous ne pouvons affirmer avec certitude que ce que nous avons observé chez les souris transgéniques se produit chez les humains, mais les gens ne courent aucun risque à manger moins de gras et plus d’oméga-3.»