
Les jumeaux d'une même famille présentent de grandes similarités sur le plan des difficultés relationnelles avec leurs pairs. Cette similitude est attribuable à plus de 73% à des facteurs génétiques.
À l'école primaire, de 5 à 10% des enfants vivent des situations de rejet ou de victimisation. Ces rapports difficiles peuvent entraîner des problèmes scolaires, des ennuis de santé et un cortège de complications psychologiques comme la solitude, la dépression, l'anxiété et les idées suicidaires. «C'est pour ces raisons qu'il faut mieux savoir à quel moment apparaissent ces problèmes et quelles en sont les causes», explique le professeur Boivin.
Pour départager la part de la biologie et du milieu dans ces rapports sociaux difficiles, le chercheur et ses collaborateurs ont fait appel à plus de 800 jumeaux. Ils ont testé ces petits à trois reprises au moment où ceux-ci étaient à la maternelle, en première année et en quatrième année. Chaque enfant, ses camarades de classe et son enseignant ont été soumis à des tests visant à mesurer le rejet par les pairs et la victimisation. «Nous avions donc des évaluations provenant de trois points de vue différents pour chaque enfant», souligne le chercheur. L'échantillon était composé à 41% de jumeaux monozygotes – de «vrais» jumeaux partageant 100% de leurs gènes – et à 59% de «faux» jumeaux – qui partagent en moyenne 50% de leur bagage génétique.
Les analyses des chercheurs démontrent que les jumeaux d'une même famille présentent de grandes similarités sur le plan des difficultés relationnelles avec leurs pairs. Cette similitude est attribuable à plus de 73% à des facteurs génétiques. «Certaines caractéristiques transmissibles génétiquement, qui se répercutent sur l'apparence physique ou sur les comportements, notamment l'agressivité, l'impulsivité ou l'hyperactivité, augmenteraient le risque de rejet ou de victimisation», avance Michel Boivin.
Les chercheurs ont aussi noté que les rapports difficiles se maintiennent entre la maternelle et la quatrième année. Encore là, la plus grande part de cette persistance est attribuable à des facteurs génétiques.
«La bonne nouvelle dans tout ça est qu'il est possible de repérer dès la maternelle les enfants qui risquent d'avoir des rapports difficiles avec leurs pairs et d'intervenir rapidement auprès de ceux-ci. Il faut éviter que les caractéristiques personnelles qui les rendent peu populaires auprès des autres enfants créent un cercle vicieux de rejet et de victimisation», insiste le chercheur, qui dirige la Chaire de recherche du Canada sur le développement social de l'enfant.
L'étude parue dans Child Development est signée par Michel Boivin et Ginette Dionne, de l'École de psychologie, Frank Vitaro, Alain Girard, Daniel Pérusse et Richard Tremblay, de l'Université de Montréal, et Mara Brendgen, de l'UQAM.