Chez les adolescents qui ont subi un traumatisme craniocérébral léger en pratiquant un sport, l'activité physique de type aérobique serait efficace et sécuritaire pour atténuer les symptômes postcommotion, révèle une méta-analyse réalisée par des chercheurs de la Faculté de médecine et du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et en intégration sociale (CIRRIS) de l'Université Laval. De plus, il serait profitable de commencer ces activités physiques dès la première semaine qui suit l'accident, concluent les chercheurs dans un article publié par la revue Medicine & Science in Sports & Exercice.
«Il y a 10 ans, la plupart des professionnels de la santé recommandaient le repos complet après une commotion cérébrale, rappelle le premier auteur de l'étude, Pierre Langevin. Il fallait attendre la disparition des symptômes avant de reprendre graduellement les activités physiques. Depuis le consensus de Berlin de 2016, on préconise un repos complet pendant les deux ou trois premiers jours, puis une activation graduelle. Au cours des dernières années, des interventions faisant appel à des exercices aérobiques ont fait l'objet d'études cliniques randomisées et nous en avons analysé les résultats.»
Les chercheurs ont examiné en détail 6 études regroupant 277 adolescents (aucune étude n'avait encore porté sur des populations adultes) réalisées entre 2015 et 2019. Ces études évaluaient des interventions misant sur des activités aérobiques pratiquées à une intensité qui n'exacerbait pas les symptômes encore présents et qui ne provoquait pas de récidive des symptômes qui avaient disparu.
Deux éléments importants se dégagent des analyses:
Les exercices aérobiques qui n'augmentent pas les symptômes sont plus efficaces que le repos pour atténuer les symptômes postcommotion
aussitôt que la période de repos complet est terminée, il est sécuritaire et efficace d'introduire des exercices aérobiques qui n'augmentent pas les symptômes.
Il n'est toutefois pas question de laisser les patients s'autoprescrire un programme d'activités physiques, à plus forte raison lorsqu'il s'agit de jeunes empressés de revenir au jeu. «L'encadrement par un professionnel de la santé est nécessaire pour développer un plan d'exercices dont l'intensité tiendra compte des particularités de chaque patient. La participation des parents est également essentielle pour la mise en application du programme», souligne Pierre Langevin.
Même si les données probantes montrent que les exercices aérobiques sont bénéfiques pour la réadaptation après une commotion cérébrale liée au sport chez les adolescents et que le risque d'empirer la condition des patients soit très faible, Pierre Langevin croit qu'il faudra un certain temps avant que le milieu de la santé modifie ses façons de faire. «Le changement risque d'être lent et graduel, croit-il. La réunion qui conduira au prochain consensus international sur les commotions cérébrales aura lieu en 2021. On verra si les recommandations iront dans cette direction.»
Les autres auteurs de l'étude sont Pierre Frémont, Philippe Fait, Marc-Olivier Dubé, Michaël Bertrand-Charette et Jean-Sébastien Roy.