Vive l’anonymat
«En 2002, au Québec, 12 % des joueurs de poker au casino étaient classés joueurs à risque et pathologiques, a expliqué Julie Dufour. En 2006, 22 % des ados avaient joué au poker dans les 12 derniers mois. Parmi ceux-ci, 15 % avait joué entre amis, près de 5 % lors d’événements organisés et 2,5 % sur Internet.» Durant cette même année, en Ontario, 10 % des joueurs de poker disaient dépenser plus d’argent qu’ils ne pouvaient se le permettre, tandis que 18 % rapportaient être préoccupés par les habitudes d’un proche parent adepte du poker. Par ailleurs, selon une récente étude réalisée en Angleterre auprès de joueurs en ligne, ces derniers auraient davantage tendance à jouer seuls, à présenter une humeur négative après les séances de jeu, à s’adonner à d’autres jeux de hasard, à jouer pour fuir leurs problèmes et aussi lorsqu’ils se sentent chanceux. «Le poker sur Internet est extrêmement populaire actuellement au Québec, rapporte Julie Dufour. Il semble que ses adeptes apprécient l’anonymat que leur procure le jeu en ligne. Cela leur permet de bluffer sans contraintes.»
Quelle est la part de l’habileté et du hasard pour gagner au poker? Selon Julie Dufour, ces deux dimensions interagissent de façon complexe. «On ne sait pas actuellement s’il est possible de devenir habile au poker et si cette habileté peut contrecarrer l’influence du hasard, explique-t-elle. Mais on sait que les débutants vont avoir tendance à accorder plus d’importance à l’habileté qu’au hasard et qu’ils vont donc vouloir “apprendre à être bons” en jouant davantage. Une chose est certaine: il faut déconstruire le mythe selon lequel tout le monde peut réussir au poker. Comme dans la vraie vie, il y a des gagnants et des perdants.»