«Regardez bien quand vous vous coupez au doigt. Même si vous saignez abondamment, le sang finit par arrêter de couler au bout de quelques minutes. En quelques jours, la plaie se referme et vous ne voyez plus la coupure initiale. Le corps possède une tendance naturelle à guérir. Notre cerveau fait la même chose pour les blessures émotionnelles: il a la capacité de soigner les bleus du cœur.» En ce lundi soir de l’Action de grâce, l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins est bondé de femmes dont l’âge varie de 45 à 55 ans. David Servan-Schreiber y prononce une conférence sur la nouvelle médecine des émotions, invité par Sylvie Dodin, titulaire de la Chaire Lucie et André Chagnon pour l'avancement d'une approche intégrale en santé. Professeur à l'Université de Pittsburgh, diplômé en médecine de l'Université Laval, auteur de l'essai Guérir - le stress, l'anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse,vendu à un million et des poussières d’exemplaires, le psychiatre réitère sa foi en une nouvelle médecine intégrant les méthodes ancestrales dites naturelles («Que ta nourriture soit ton traitement et ton traitement ta nourriture», dit Hippocrate) et les méthodes plus traditionnelles.
«Pour guérir, il faut retrouver un équilibre et stimuler le corps pour soigner les émotions, dit David Servan-Schreiber. Prenez une tondeuse à gazon. C’est en mettant la juste proportion d’huile et d’essence qu’on arrive à la faire fonctionner. C’est la même chose avec le corps humain.» Clef de voûte de ce corps malmené qui peine à la tâche, la façon de s’alimenter a changé la donne depuis que les poules, veaux, vaches et cochons carburent au grain plutôt qu’à l’herbe grasse des champs. «Si on transforme le gras qui se trouve dans l’assiette, on transforme aussi le cerveau», explique le conférencier qui préconise une alimentation riche en acides gras oméga-3 pour aider au contrôle de l’agressivité, notamment. Autre exemple: la dépression chez l’enfant où pas une seule étude n’a démontré la supériorité des antidépresseurs sur le placebo, mais où la prise d’acides gras oméga-3 a nettement amélioré les choses, de souligner David Servan-Schreiber.
Vider son sac
Professeure à la Faculté de médecine et gynécologue, Sylvie Dodin a assuré la deuxième partie de la soirée. Thème de sa conférence: «Sereine et en santé à la ménopause». «Cette étape de la vie en est une où la femme doit s’accorder une pause, a expliqué Sylvie Dodin. À 50 ans, on porte un sac à dos souvent mal rempli, déséquilibré et d’autant plus difficile à porter sur un terrain hormonal accidenté.» Alors, faut-il prendre ou ne pas prendre «l’hormone», comme disait Clémence Desrochers dans l’un de ses monologues? En d’autres termes, l’hormonothérapie est-elle indiquée chez les femmes au mitan de la vie? «À chaque femme de faire son choix et d’évaluer ce qui est bon pour elle, de concert avec son médecin», estime Sylvie Dodin qui déplore le fait que les médecins soient parfois plus enclins à prescrire des antidépresseurs plutôt que de suggérer l’hormonothérapie. Car si une saine alimentation constitue toujours le gage d’une bonne santé, gare à la surdose de vitamines et aux combinaisons multiples de produits naturels qui peuvent causer plus de tort que de bien à l’organisme, croit la gynécologue. «Mais quel que soit votre choix, a-t-elle répété, dites-vous que le but de la vie, à la ménopause, devrait d’être heureuse, grâce au plaisir partagé et à la convivialité.»