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La capsaïcine, cette molécule qui donne le piquant au piment rouge, est-elle efficace ou non pour améliorer les performances physiques? En août dernier, au terme d'une étude qu'il avait menée sur le sujet, le professeur François Billaut, du Département de kinésiologie et du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, concluait que la capsaïcine faisait partie des suppléments qui gagnaient à être testés rigoureusement en recherche.
Depuis, il a lui-même remis l'épaule à la roue en participant à la rédaction d'un article qui fait le point sur le sujet. Le fruit de ce travail vient de paraître dans l'International Journal of Sports Physiology and Performance. Verdict: à la lumière des données probantes actuelles, la capsaïcine pourrait améliorer les performances physiques.
Le professeur Billaut et ses collaborateurs américains et brésiliens ont passé en revue 22 études portant sur l'effet de la prise orale de capsaïcine et de molécules de la même famille sur la performance physique chez l'animal et l'humain. Le bilan: 9 des 14 études chez l'animal et 5 des 8 études chez l'humain ont montré une amélioration des performances physiques après la consommation de ces composés.
Chez l'humain, ces améliorations étaient observées lors d'efforts physiques intenses et soutenus comme la course de demi-fond et lors d'efforts de courte durée et de forte intensité. Après avoir pris de la capsaïcine, les sujets couraient plus vite, soutenaient plus longtemps un effort ou effectuaient plus de répétitions d'un même exercice qu'après la prise d'un placebo.
— François Billaut
Le mécanisme d'action de la capsaïcine est inconnu pour le moment. Elle pourrait repousser la fatigue musculaire en favorisant une plus grande interaction entre les fibres d'actine et de myosine, augmenter la disponibilité du carburant musculaire, élever la tolérance à la douleur ou accroître la concentration de neurotransmetteurs, survoltant ainsi l'explosivité musculaire.
«Bien que d'autres études soient nécessaires pour confirmer les effets de la capsaïcine et des molécules apparentées, la littérature scientifique existante suggère que ces composés pourraient faire partie d'une stratégie nutritionnelle visant à améliorer les performances physiques humaines», résume François Billaut.
À la lumière de cette analyse, la capsaïcine pourrait-elle être considérée comme un produit dopant? «Elle le pourrait, mais je crois honnêtement que l'amélioration des performances reste minime, répond le chercheur. Pour le moment, elle n'a pas été évaluée de façon rigoureuse chez des athlètes de haut niveau. Il se pourrait que l'Agence mondiale antidopage place la capsaïcine dans sa liste des substances sous surveillance avec l'instauration d'une limite à ne pas dépasser.»